James Chance & The Contortions – Molotov Cocktail Lounge (1996)
Pour ce qui me concerne « James Chance & The Contortions » c’est resté longtemps et uniquement le groupe qui, sous le nom de « The Contortions » figura sur les quatre premiers titres de l’incroyable compil, quasi historique, qui sortit en soixante-dix-huit, « No New York », premier effort de la New Wave, inspiré et produit par Brian Eno.
Une opportunité s’offrit à moi de me procurer cet album de « James Chance & The Contortions », « Molotov Cocktail Lounge » sorti presque vingt ans plus tard, allons-y et mettons- le sur le grill, y a-t-il toujours cette urgence et cette folie qui brûla alors, lorsque s’allumèrent les premiers feux de cette nouvelle vague fascinante ?
James Chance a pris la main, mais d’une certaine façon il l’avait déjà, et l’a conservé au point d’être l’unique survivant de la formation d’origine, mais il tient toujours son sax à disposition, chante également et pianote à l’occasion. Bien que la musique soit plutôt funk et que la rébellion de la No Wave s’entende encore, il y a un petit côté jazz, dans le son et les orchestrations, bien présent, de quoi justifier la présence de cet album de ce côté…
Jerry Agony est à la guitare, Eric Klaastad à la basse, Richard Dworkin à la batterie, il y a encore Robert Aaron au sax ténor et au clavier, Luther Thomas au sax baryton, Brian Lynch à la trompette, Tony Alimony aux timbales et percussions et John Paris à l’harmonica, invité du soir. C’est enregistré en live au club « The Cooler » de New York, un rare vingt-neuf février de quatre-vingt-seize.
Pas de problème la « marque » est encore là, pas trop de traces de fatigue, le phrasé, la voix éraillée, la rage intérieure tout ça flamboie encore et l’énergie s’exprime avec une même urgence. Les musiciens sont également au taquet, le sax de James Chance a conservé la brièveté saignante de ses saillies, et les sections de anches et de cuivres assurent comme il faut. Robert Aaron, Brian Lynch, Luther Thomas envoient et déraillent à souhait, équilibrant le chant saccadé d’un Chance qui envoie cris et slogans. Le début du concert est flamboyant !
On reconnaît « Jaded » en provenance de « No New-York », en sixième position, Aaron aux claviers, le sax de James Chance et cette lente montée, ponctuée par cette voix plaintive qui raconte la dépendance d’un junky, un thème récurrent dans sa discographie, tout ça fonctionne encore vraiment bien !
Mais l’album est long, quasi soixante-dix minutes au compteur, et il est tout de même difficile de tenir une telle tension sur une durée si longue, et sans doute pourrions-nous concéder une légère baisse d’intérêt dans la seconde partie de l’album, malgré l’énergie que dépense Chance, un certain essoufflement se fait parfois ressentir, malgré quelques saillies Rock’n Roll, comme le bref mais efficace « Treat Her Right ».
Un album sympa, mais sans doute pas le meilleur de la discographie de James Chance, le « Live In New York » aka « White Cannibal » offre peut-être davantage, une étape prochaine, sans doute.