Hypnose

Plus que d'album, il conviendrait de parler ici de projet. Savoir que Music for Museum a été composé pour accompagner la visite des expositions du Musée des Beaux Arts de Lille permet en effet de mieux comprendre la nature étrange de la musique rassemblée ici.

Music for Museum joue sur les ambiances et les textures sonores, pas sur les mélodies, pour ainsi dire absentes (à part peut-être dans Land Me, le premier morceau, où une voix éthérée esquisse une vague ligne mélodique).
On est dans l'ambient pure et dure, limite new age façon Nature & Découvertes. Pas de chanson bien sûr, et il est vain d'y chercher la patte imprimée de façon si reconnaissable dans les premiers albums de Air.

La seule question qui prévaut, c'est : pourquoi les morceaux sont si longs ? Leur durée sur disque paraît arbitraire, puisque aucun d'entre eux ne développe la moindre orchestration ni n'évolue de manière significative.
Pourquoi sept minutes pour l'enveloppant "Reverse Bubble" et seulement cinq pour le zen "The Dream of Yi" ? Pourquoi quinze minutes interminables pour jouer (mollement) avec la seule et unique séquence qui traverse "Art Tatoo" ?

La réponse se trouvait sans doute au Musée des Beaux Arts de Lille. J'imagine (sans aucune preuve) que les différents morceaux correspondaient à différentes salles du bâtiment, et qu'on passait ainsi de l'un à l'autre comme de l'une à l'autre.

Si vous cherchez une tapisserie sonore légère, délicate, capable de suspendre le temps, Music for Museum est le disque idéal.
En revanche, si vous vous attendez à une nouvelle galette à la mode Air première période, vous serez déçus, ce n'est pas le propos ici.

Le duo français a toujours aimé changer de chemise, expérimenter de nouvelles choses (voir leur étrange travail sur la bande originale du Voyage dans la Lune de Méliès). Music for Museum, dans la catégorie ambient, en est une nouvelle preuve, et pas la plus démonstrative.