My God is Blue a une qualité indéniable : la cohérence. Les titres s’enchaînent de manière fluide et harmonieuse, les transitions sont très bien faites, et même, on sent une intensité croissante tout au long de l’album : s’il s’agit au départ d’une quête spirituelle et métaphysique, les chansons s’intensifient, se précisent, et semblent nous dire que toute recherche de transcendance ne peut pas rester au simple point « d’introspection de soi » et de méditation – on va nécessairement plus loin.
Et aller plus loin, c’est trouver un Dieu, un gourou. C’est finalement tomber dans une croyance et dans un fanatisme qu’on assimile à une religion. L’ouverture du dernier titre, « Yes, it is possible », n’est pas sans rappeler les chants d’églises. D’abord très classique et religieux, ce titre est finalement très « rock’n’roll » ; les guitares électriques donnent une force au morceau, nous élèvent vers une certaine « transe » pour finalement nous laisser dans le plus grand silence.
Cet album tourne autour du thème du « gourou », de la « spiritualité », du « culte » et choisit d’aborder cela sous l’angle du mysticisme. Selon moi, on sent vraiment l’empreinte mystique, illuminée et contemplative dans chacun de ces titres. Sans faire référence à une religion, à une morale ou même au côté pieux, Tellier nous embarque dans une sorte de transe métaphysique, grâce à des mélodies modernes (qu’on pourrait parfois assimiler à la new wave grâce aux synthétiseurs omniprésents). Les sons sont légers, apaisants.

L’album commence en douceur avec « Pépito bleu » et « The colour of your mind », apaisants et relaxants, ces titres annoncent clairement le ton et le thème de l’album.
On ne présente plus « cochon ville », peut-être le seul morceau réellement gai et euphorique de l’album. Je trouve d’ailleurs que ce morceau n’est pas vraiment représentatif de l’album mais qu’il évoque surtout un « passage » et une étape dans la quête de spiritualité. Le reste de l’album est beaucoup plus calme et « maîtrisé ».
Le titre « Russian attractions » est quant à lui une véritable perle. Les cœurs, le rythme, la voix lointaine de Tellier et l’orchestre sont dépaysants et intenses. Le titre marque un tournant au milieu de l’album.
« Mayday » apparaît comme une chanson un poil psyché (bien que l’album ne le soit pas du tout), plus gaie et innocente que les autres albums. Presque jazzy.
La voix de Sébastien Tellier paraît souvent lointaine, elle nous surprend dans « Against the law » où l’on entend soudain parler d’un coiffeur. Dans « my god is blue », c’est un fanatique que l’on croit entendre, qui nous emporte dans son délire, qui se place comme du côté de l’auditeur.
Enfin, « Yes, it is possible » est l’apogée de cette quête métaphysique. De l’intensité, puis le silence.

En définitive cet album est vraiment onirique et réussit à la perfection le challenge de nous emporter dans un monde parallèle, bleu et spirituel. C’est une belle réussite en matière de cohérence et c’est très plaisant de se laisser embarquer dans le monde de Tellier.
J’apprécie l’ambiance un peu new wave de l’album, les synthétiseurs aériens et planants, l’orchestre plus grave et intense, les guitares électriques qui donnent un vrai plus à certaines chansons. Mention spéciale pour « Draw your world » que j’apprécie beaucoup.
Malheureusement je n’accroche pas plus que ça au trip spirituel et sectaire. Impossible de nier la qualité du son et la recherche esthétique, il y a vraiment un gros travail de qualité qui a été fait, mais je ne suis tout simplement pas séduite et hypnotisée par l'album. Un album plutôt bon, que je laisse les autres mettre dans leur discothèque.
ulostcontrol
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le 10 août 2013

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ulostcontrol

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