Errol Parker - My own bag… n°3 (1975)


Voilà un musicien dont certains connaissent peut-être le nom sans avoir pour autant écouté sa musique, ce qui fut longtemps mon cas, et puis voilà, tout arrive et me voici désormais à la tête de quelques albums de ce musicien qui possède une trajectoire vraiment intéressante. Son nom ? Errol Parker, mais c’est un pseudo en fait, choisi sans trop de difficulté, « Errol » pour Errol Garner et « Parker », pour Charlie Parker ! C’est un peu immodeste, mais c’est ainsi que cela se fit…


En fait Errol Parker est né Raphaël Schecroun, en 1925 à Oran. Il a joué aux côtés de Django Reinhardt et a enregistré avec Kenny Clarke et James Moody, il a également accompagné Don Byas. Heureux auteur d’un succès de variété rémunérateur, il est cependant retourné au jazz, a ouvert une boîte, le « Ladybird », puis, suite à un accident de voiture il a quitté paris et est parti vers New-York où il s’est installé, a créé son label « Sahara » et a enregistré quelques albums dont ce « My own bag… n°3 » que je vous présente après avoir remarqué qu’il existait un extrait sur le tube, mais d’autres albums auraient pu également convenir, même si celui-ci est de bon niveau !


Cet album date de 1975, il est partagé en deux parties, la plus longue à la tête d’une formation avec des instruments plutôt électrifiés et une seconde constituée par deux pièces au piano solo, des standards, « Blue Moon » et « I’m in the moon for love ». Ces deux derniers titres, positionnés à la fin de l’album, révèlent un musicien qui a bien digéré Monk, habile technicien au toucher puissant avec un feeling démonstratif.


Les autres pièces sont des compositions personnelles, Errol y joue du piano acoustique mais surtout du piano électrique, il joue également des percussions, tambourin, congas et maracas. Il y a une excellente flûtiste, Lady Dee qui restera méconnue hormis cet enregistrement , une basse électrique jouée par Bruce Johnson, un batteur en la personne de Clyde Lucas et Ray Mantilla, un maître percussionniste sur deux morceaux.


Le morceau qui ouvre la face une « Street Ends » a connu un petit succès, pièce habile à la mélodie accrocheuse qui fit mouche, il faut dire qu’Eroll Parker est un spécialiste de ce genre de coup. Lady Dee assure parfaitement côté flûte, poussée par une section rythmique puissante qui envoie bien, tout en créant des espaces de tension qui dynamisent la pièce, le solo d’Errol au piano électrique est également très brillant et les gars à l’arrière apportent du combustible sans répit.


« Rehearsal » s’enrichit de Ray Mantilla, le tempo est un peu moins torride mais on reste parfaitement dans la lignée de la première pièce, c’est très riche rythmiquement, enlevé, très pro. Le troisième morceau en début de face deux, « Daydream At Moon », est également excellent. S’il fallait trouver une critique à ce très agréable album ce serait dans le manque de continuité du projet de départ, les deux pièces au piano solo sont chouettes mais semblent ajoutées pour « finir » l’album afin qu’il ait une durée convenable.


Il n’y a cependant rien ici qui puisse vous dissuader d’acheter l’album si vous tombez dessus, un album de plaisir et de joie.

xeres
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le 23 août 2025

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