No. 1 in Heaven
7.5
No. 1 in Heaven

Album de Sparks (1979)

"Looking real bored is what you pay me for"

Il suffit d'écouter trente secondes de l'introduction du magnifique "Tryouts for the Human Race", premier titre de "No. 1 in Heaven", le huitième album de Sparks, pour comprendre immédiatement : cette mélodie imparable, la voix à nouveau surexcitée de Russell Mael, après une (courte) période terriblement médiocre, Sparks est revenu au sommet... Et s'est aussi complètement réinventé en combo techno-pop, voire même disco, après avoir jeté par dessus bord ses oripeaux de groupe de Rock américain, bien trop étroits pour le génie des Frères Mael.


L'intuition impensable de Ron, sorcier des claviers qui se laisse complètement aller - enfin ! - avec des synthés omniprésents, a été de demander au sorcier italien de la disco, le brillantissime Giorgio Moroder de relancer la machine Sparks. Co-composition de quatre titres sur six, et surtout production superlative, Moroder est devenu pour un album le troisième frère Mael, et relance leur inspiration pour les quarante années suivantes : ces beats imparables, ces virages atmosphériques, et surtout cette répétition entêtante des motifs, tout cela va nourrir plusieurs albums à venir, jusqu'au triomphe artistique de "Lit'l Beethoven" (qui aurait peut être été encore meilleur produit par Moroder !).


Ce qui épate avec "No. 1 in Heaven", au-delà de la qualité retrouvée des mélodies ("La Dolce Vita" fait partie des très grandes chansons sparksiennes !), c'est combien il sonne toujours aussi frais, contemporain, presqu'un demi-siècle plus tard. Il y a une puissance organique qui se déchaîne régulièrement ici, et qui peut soit vous emmener vous trémousser de manière extatique sur le dance floor, soit vous faire monter les larmes aux yeux : "No. 1 in Heaven", voilà pour une fois un titre-publicitaire qui n'est pas mensonger.


Bien sûr, il manque à "Tryouts..." un refrain au niveau de ses couplets pour égaler l'extase de "This Town...". Bien sûr, "Beat the Clock", le moins "moroderien" des six titres, malgré le savoir-faire des Frères, sonne presque un peu raide par rapport à l'orgie émotionnelle du reste de l'album. Bien sûr, "My Other Voice" est trop bancal pour bien fonctionner, même s'il finit par charmer au fil des écoutes. Bien sûr, "The Number One Song in Heaven' - devenu depuis l'un des morceaux incontournables du groupe sur scène - aurait été meilleur avec deux minutes en moins.


Mais dire ça, c'est vraiment chipoter, car seul importe le formidable plaisir, non, la formidable joie que l'on ressent à chaque fois que l'on écoute cet album.


[Critique écrite en 2020]

EricDebarnot
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Quand la pop fait des étincelles... Revisite de la discographie de Sparks

Créée

le 28 nov. 2020

Critique lue 196 fois

3 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 196 fois

3

D'autres avis sur No. 1 in Heaven

No. 1 in Heaven
moumoute
9

N° 1 in Heaven, and Outer Space.

Le long des années 70, les deux frères Mael provoquent. L'un, au chant, par sa voix sur-aiguë (Russel), l'autre, aux machines, par sa moustache ambiguë -Hitler, ou Chaplin, c'est selon- (Ron). Le...

le 9 mai 2012

9 j'aime

No. 1 in Heaven
Adobtard
7

Giorgio Moroder = No. 1 in Heaven

À la question « Pourquoi Giorgio Moroder est-il si BON ? », je n'ai jamais su que répondre. Pourquoi tout ce qu'il touche se transforme-t-il en or ? Pourquoi il réussit là où tout autre échouerait...

le 17 sept. 2013

6 j'aime

No. 1 in Heaven
EricDebarnot
8

"Looking real bored is what you pay me for"

Il suffit d'écouter trente secondes de l'introduction du magnifique "Tryouts for the Human Race", premier titre de "No. 1 in Heaven", le huitième album de Sparks, pour comprendre immédiatement :...

le 28 nov. 2020

3 j'aime

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

105

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

187 j'aime

25