Andy Emler MegaOctet – No Rush ! (2023)
A mes oreilles, Andy Emler a su se frayer un chemin jusqu’au statut de musicien incontournable. L’effet fut immédiat dès l’écoute de « No Solo » en deux mille-vingt, suivi de « Just A Beginning » en deux mille vint et un et de ce « No Rush ! » sorti en février de cette année. Je n’ai pas encore pris le temps de remonter un peu la discographie, car un gars comme ça a dû laisser quelques traces phonographiques d’envergure, c’est quasi certain.
Ici il joue avec le MegaOctet, bien que dix noms apparaissent dans la liste des musiciens, certes il y a l’invité Nguyên Lê, à la guitare sur deux pièces, mais qu’importe ! L’album est très beau, j’ai dû l’écouter une bonne dizaine de fois déjà et il s’en dégage pas mal de sérénité, et même de gravité, des sentiments pas forcément présents sur les enregistrements antérieurement écoutés.
C’est vrai on ne rigole pas trop, peut-être à cause de la conception de l’album, piégée dans le confinement, mais Andy a écrit les huit pièces de l’album avec dans les doigts une baguette de magicien, car tout fait sens, la création des ambiances, l’architecture des pièces, l’écriture un peu musique contemporaine ciselée jusque dans les infimes détails, certaines pièces sont plutôt contemplatives et d’autres plus enlevées.
Bien sûr il y a les solos qui se succèdent dans la structure et organisent les jaillissements et les fulgurances, il faut dire que l’octet ne manque pas de pointures, Guillaume Orti au sax alto, Laurent Dehors au ténor et à la basse clarinette Claude Tchamitchian à la basse et Eric Echampard à la batterie pour ne citer que les plus connus.
Il est sorti avec le patronage du label « La Buissonne » qui signe de plus en plus de magnifiques artistes. Le son est extraordinaire et d’une précision vraiment remarquable, la coopération avec ECM semble fructueuse pour les deux parties.
Un bel album qui mérite que l’on prenne un peu de temps pour « l’apprivoiser ».