Le rythme est éreintant pour Lynyrd Skynyrd, ils enchaînent les tournées fatigantes, surtout qu'ils ne se reposent guère, l'alcool et les médocs tournent beaucoup, et lorsqu'ils ne sont pas sur scène, ils trainent en studio.


Nuthin’ Fancy sera enregistré en deux temps, d'abord en août 1974 à Doraville puis en janvier 1975 à Atlanta (entre temps, ils continuent de donner des concerts), et c'est la dernière fois qu'Al Kooper produit un album pour le groupe.


Ils ne connaissent qu'un seul changement, le batteur Bob Burns, épuisé et / ou en proie à des problèmes de santé, quitte le groupe. Il était présent depuis le début et c'était l'un des plus perché de la bande (plusieurs anecdotes tournent à son sujet, notamment qu'après avoir vu le film L'Exorciste il voyait le diable partout). Artimus Pyle prend sa place, il a joué avec les groupes The Marshall Tucker Band et Charlie Daniels Band, et il a connu Ronnie Van Zant en tournant régulièrement en même temps que le groupe sudiste.


On retrouve donc Ronnie Van Zant au chant, Gary Rossington, Ed King et Allen Collins aux guitares, Billy Powell aux claviers et Leon Wilkeson à la basse. Le son de l'album est dans la lignée des deux précédents, il peaufine ce son assez unique, mélange de blues, boogie et rock, avec un son saturé lors de nombreuses chansons, la voix de Van Zant étant toujours adéquat à ce style. S'ils sont encore très inspirés, ce n'est pas non plus à la hauteur des deux albums précédents (la barre était très haute en même temps) mais on retrouve cette atmosphère atypique, sentant bon le sud des États-Unis, les bayous, les gens simples et authentiques ainsi que l'alcool frelaté.


Ain't good for nothin' / But put a man six feet in a hole


L'électrique Saturday Night Special sera la première chanson écrite pour l'album, bien avant les sept autres, ouvrant celui-ci de la meilleure des manières. Chanson hypnotique, elle s'inscrit parmi les meilleures du groupe et permet à Van Zant de s'interroger sur l'utilisation des armes, se positionnant contre et cassant (si besoin) un cliché sur le Sud. On retrouve l'image de l'Amérique profonde avec le bluesy Cheatin' Woman puis Railroad Song, deux titres nous emmenant dans un voyage au cœur des États-Unis d'Amérique.


I'm a country boy, I'm as happy as I can be


L'électrique I'm A Country Boy conclut comme il faut la première face, un retour vers un rock plus burné, permettant aux guitaristes de s'éclater et au groupe de déclarer son amour au Sud. Il recommence la face B de la même manière avec On The Hunt et ses riffs inoubliables, preuve, si besoin, de l'alchimie au sein des Lynyrd Skynyrd, tant la voix de Van Zant colle parfaitement à la façon de jouer du groupe.


La ballade Am I losin calme le jeu, les guitaristes sont encore mis en avant et montre que le groupe n'a rien perdu de ses inspirations. Made in the shade oscille entre blues et country et nous donne l'impression de rentrer dans un saloon, le groupe peaufinant leur son authentique, tout en utilisant à merveille l'harmonica. Whiskey rock-a-roller est une parfaite conclusion à ce voyage dans le Sud du pays, un bon rock sudiste et archétype du groupe, Van Zant montrant qu'il n'est pas difficile :


Women, whiskey and miles of travelin' / Is all I understand


Enfin, on finira par remarquer la superbe photographie sur la pochette arrière, où Billy Powell fait un superbe fuck you au photographe qui n'arrêtait pas de les suivre et les prendre en photo.


La suite ?
The Torture Tour : Une tournée de 61 concerts pendant 90 jours. C'est durant celle-ci qu'Ed King (en proie à des problèmes de drogues et relationnels avec les autres membres, notamment Ronnie) quittera le groupe. Gary et Allen devront alors jouer pour trois jusqu'à la fin de la tournée.


C'est un Lynyrd Skynyrd toujours teigneux mais fatigué par le rythme difficilement soutenable des tournées et de la vie sur la route qui livre Nuthin’ Fancy, un remarquable troisième album. Ils nous invitent pour un authentique voyage dans le Sud des États-Unis, avec des hymnes inoubliables oscillant entre rock, blues et boogie, Ronnie Van Zant sachant toujours se mettre à hauteur d'Homme pour raconter ses histoires tandis qu'Allen Collins et les autres sont toujours inspirés et en osmose.


Face A :


Saturday Night Special
Cheatin' Woman
Railroad Song
I'm A Country Boy


Face B :


On The Hunt
Am I Losin'
Made In The Shade
Whiskey Rock-A Roller

Docteur_Jivago
8
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le 19 nov. 2020

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Docteur_Jivago

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