Vous vous souvenez de cette époque là?
Cette époque d'un Michael Jackson passionné, généreux, humble et modeste. Bien loin de la superstar extra-terrestre qu'il deviendra une décennie plus tard. Oui, on était à la fin des 70's : Michael était encore le jeune prodige des Jackson 5 et essayait de s'échapper de l'emprise familiale. Miracle est venue grâce à sa rencontre avec le grand producteur Quincy Jones qui le prit sous son aile, flairant le talent brut qui ne demanda qu'à être façonné. Ce sera le début d’une collaboration qui aura marqué l’histoire de la musique contemporaine!
Comme symbole de son émancipation, il signe sur le label Epic Records (où il sortira avec ses frères un autre chef d'oeuvre, "Destiny", sorti un an avant), quittant le navire un peu trop envahissant de la mythique mais poussiéreuse Motown. Il s'entoure pour l’occasion d'une troupe de musiciens plus exceptionnels les uns que les autres (Louis Johnson, Greg Phillinganes, Mario Henderson, Paulinho Da Costa, John Robinson, j'en passe).
Pour cet album, il faut absolument pas chercher de la pop Coca-Cola à la "Black or White" mais de la pur black music, digne des plus grands standards de la Motown (et je pèse mes mots). Michael navigue aux confins de la soul, de la funk et du disco avec un panache et un naturel infaillibles! A seulement 20 ans, Bambi n'était pas qu'un simple interprète hors pair mais était déjà un compositeur affirmé, co-produisant et co-écrivant 1/3 des titres.
Dans ce disque, on y découvre tout ce qui instaurera la légende MJ (sa voix divine, le visuel avec ses fameuses chaussettes blanches, les pas de danse, sa maîtrise de l'émotionnel et du spectacle), et prédisait déjà la claque monstrueuse de "Thriller" 3 ans après.
Tout commence avec "Don't Stop 'Til You Get Enough" et un cri exutoire symbolisant à lui seul l'affranchissement artistique de Michael. S'en suit ensuite 6 minutes de performance vocale incroyable (chanté intégralement en falsetto) et une pulsation synthétique diablement enivrante!
Après ce classique disco, on continue le périple avec des morceaux tout aussi groovy et efficaces comme "Rock With You" (mon dieu, ce mid-tempo du tonnerre et ces synthétiseurs, plus funky tu meurs!), "Workin' Day And Night", le titre éponyme "Off the Wall"(avec ses entrelacements de pistes vocales tout simplement vertigineuses) et "It's The Falling In Love". On est face à une pléiade de tubes qui permet à MJ d'exposer encore plus son don de faire danser le monde entier sur une musique toujours aussi rythmée et entraînante!
On change de registre avec un ton beaucoup plus pop en écoutant "Girlfriend", embrassant des mélodies très "McCartney"...tiens, mais qui est le compositeur de ce morceau? L'illustre Beatle justement qui offre à son collègue et ami une chanson simple, pas la plus mémorable de l'album mais qui se démarque du reste et est un petit bonbon acidulé toujours agréable à goûter.
On clôt magnifiquement "Off the Wall" par deux chansons qui font basculer l'ambiance dansante vers des balades peut-être sirupeuses de première abord, mais incroyablement émotionnelles: d'abord "She's Out of My Life" contenant quant à elle l’une des caractéristiques principales de la voix du chanteur : sa perméabilité aux émotions (la légende dit qu’on l’y entend pleurer à la toute fin). Rien de bien original dans les paroles (comme tout l'album d'ailleurs) car ça parle d'une séparation amoureuse des plus banales, mais on y remarque une autre facette du chanteur, plus fragile et vulnérable, qui lui sied à merveille. Magnifiquement triste! On termine ensuite avec un monument intemporel: "I Can't Help It" et son son jazzy sensationnel, pas spécialement le sommet de l'album mais un titre que j'affectionne particulièrement par sa douceur et son élégance inouïe!
Un chef d'oeuvre absolu de la musique pour moi donc, qui exposera enfin le génie de Michael au grand jour et le fera envoler aux firmaments du succès planétaire...jusqu'à toucher le Saint Graal avec "Thriller" et le faire devenir la légende sacrée qu'il est!
Allez, pour vous donner envie, voici le clip kitsch mais jubilatoire de "Rock With You".
PS: Ecoutez vous aussi "Destiny" et "Triumph", 2 chefs d'oeuvre avec ses frères qui englobent parfaitement, avec Off the Wall, cette période disco/funk de MJ.