Here comes a new challenger !

Alors un peu plus jeune, je vivais une frénétique passion couleur : Red Hot.

Comme tout ado découvrant son groupe porte-étendard, j'étais assez excessif, enfin un peu désaxé surtout.
Je collectionnais frénétiquement tout ce qui pouvait comporter le nom Rhcp, des interviews, posters, goodies ça pouvait être n'importe quoi, même un Toaster avec la tête de Flea si il le fallait, rien n'était de trop afin de revendiquer fièrement mon dévouement aux Californiens tatoués.
Merde quoi je voulais montrer que j'étais un vrai, je n'écoutais pas Eminem comme mes dégénérés de camarades.

Mouahah, oui j'étais très con.
Petit à petit, comme un bon petit soldat je découvrais leur discographie afin d'avoir 20/20 en cours de Funk-Rock; jusqu'à ce jour ou j'ai mis la main sur cet étrange disque illustré d'un Cartoon.

A la première écoute ce fut une forme d’incompréhension qui m'envahissait tant One Hot Minute ne ressemblait à aucune autres réalisation des Chili.
Vous savez, on retrouve assez souvent ce syndrome de l'album un peu à part, presque égaré au sein d'une longue discographie.
Parfois accident qu'on préférait cacher sous le tapis, jadis pépite inattendu.

Pour comprendre ce côté un peu parenthèse de One Hot Minute dans la sphère Peppers, il faut se remémorer les contingences qui gravitaient autour de lui :

Le jeune prodige guitaristique John Frusciante après le foudroyant succès de Blood Sugar, ne supporta guère son nouveau statut de célébrité. Garçon fragile qui voulait seulement continuer l'aventure sans le feu des médias, John s'enfonça dans une longue descente aux enfers. Noyé dans une solitude dépressive qu'il comblera en s'injectant des escadrilles de seringues venues de tout azimuts. Il perdra d'ailleurs une partie de sa dentition, et failli abruptement disparaître de son enveloppe terrestre.

Sauf que pendant ce temps là, la locomotive Red Hot était lancée et se devait de continuer dans sa course au risque de disparaître à jamais.
Les Californiens emboîtèrent donc le pas pour établir un successeur à leur précédent guitariste en faisant un choix curieux, déstabilisant, bizarre, enfin tout ce que vous voulez.
Opter pour le lead guitariste de Janes Addiction, était certes naturel pour les membres du groupe très liés amicalement avec Dave Navarro & venait compléter la collection de tatoos du groupe mais musicalement elle apparaissait comme improbable.

John & Dave n'avaient pas grand chose en commun si ce n'est un amour pour Jimi Hendrix marque commune des guitaristes du groupe. Le premier était un homme de l'instinct, au jeu minimaliste, le second était un technicien chevronné ultra perfectionniste du processus de Recording.
D'ailleurs ce changement déconcertera cette puce de Flea décontenancé de voir le bonhomme venir aux sessions studios comme si il allait au taf & refuser de taper le bœuf avec le groupe.
Chose pourtant primordiale pour le bassiste, avant tout homme de live, habitué à composer selon des idées/fragments issus de délires improvisés. Repensons à cette ligne de basse de Give It Away décelée pendant un un jam ou le riff de Frufru tournait en boucle.

C'est ainsi que les RHCP abandonnèrent le style dépouillé des riffs de leur ex-camarade, pour les lignes harmoniques sophistiqués dont l'astucieux Navarro s'amuse à superposer de plusieurs couches de guitares au mixage.

One Hot Minute est un album davantage produit et smooth que son aînée. Qui sait user d'un travail d’orfèvre dans ses agencements structurels et dans son élaboration de mélodies complexes.
Si il sait conserver la fraîcheur et la verve du mélange Funk-Rock, ce changement de lead guitariste apporte une troisième pierre à l'édifice, celle du métal, une influence inédite qui se ressent à travers des titres tels que Coffee Shop conjuguant brutalité et imagination.

Aussi One Hot Minute c'est une certaine atmosphère opposée à la fête pétaradante des débuts du groupe. Il faut dire que pour Anthony Kiedis l'ambiance est quelque peu morose, après une trêve dans sa consommation de substances illicites, le bonhomme replongea juste avant les prises studios, par une certaine honte il ne su l'annoncer à ses camarades.
Son seul petit échappatoire étant de lâcher quelques indices de son désespoir par le biais de métaphores à travers ses lyrics tel que ceux de Warped.

Ce climat délétère qui devait laisser présager un rendu morose & fade, laisse étrangement place à une production d'une efficacité imparable. Guidée par la guitare poids lourd de Navarro donnant une force folle au groupe et faisant émerger des drôles de moments assez cinglés comme l'énervée/foutraque One Big Mob.

Comme si l'infaillibilité de Navarro confrontée à l'animalité des Red Hot trouvait ici un certain équilibre. Donnant une vivacité nouvelle au groupe mais surtout un tremplin pour se réinventer par la suite. Ayant goûté à l'éclat de certains tubes tels que Aeroplane ou Walkabout, les Californiens succomberont au pouvoir de la Pop dans l'album suivant : Californication.