Paraît que c’est en tentant de retrouver sa collection de Penthouse confisquée par papa Cash des décennies auparavant, alors que ce dernier était à l’époque parti en quête de barrettes de shit sous le lit de sa progéniture, que John Carter Cash découvrit, sous des couches de poussière et d’ampoules d’amphétamine vides, de vieux enregistrements jaunis par le temps (oui, quand on parle des 80’s aujourd’hui, on peut commencer à dire « vieux ») de feu le roi de la country. La générosité étant, c’est de notoriété publique, une seconde nature chez les héritiers d’artistes bankables, John Carter Cash décida de faire partager au monde entier cette relique musicale oubliée, coup de bol, juste à côté de la pile de Penthouse, remplis de Penthouse Pets aux coiffures devenues improbables. Content de sa journée, John Carter décida qu’il y avait eu un matin et un soir, premier jour de ses retrouvailles avec ses playmates préférées.

Ma découverte de Cash s’est faite avec une vieille compil’ Les Plus Grands Moments Country (il y avait aussi Les Plus Grands Moments Classiques), je sais pas si cette compil' s'est bien vendue, mais chapeau d'avoir sorti un truc pareil dans l'hexagone. Cette compil était une sorte de « La Musique Pour Les Nuls », ou encore comment avoir l’air d’être un mélomane quand on trouve que Karen Cheryl est la plus grande chanteuse de l’histoire (faut dire que quand on est ado boutonneux et que la demoiselle est jeune et jolie, ça aide faut dire ce qui est) ? On évacue tout de suite la spontanéité de la sortie de l’album, le but est de faire de la thune, c’est normal et ça marche comme ça. L’album est bon, très bon même, il ne plaira peut-être pas à ceux qui ont accroché à Cash avec les American Recordings mais qu’importe, puisqu’ici il est question de retour aux sources. C’est de la country, dont le rythme m'a toujours fait penser au galop d'un cheval, de la pure et dure, de la campagne bouseuse, de la vache qui fait meuh et du cheval qui fait hiiiii, de la chemise à gros carreaux rentrée dans une salopette cradingue sur une paire de bottes couverte de crottin, , le visage buriné et les mains calleuses, le tout agrémenté d’un épis de blé entre les dents, histoire de filer un peu de poésie au tableau.

Ce qui est étrange, c’est d’avoir laissé Cash avec l’American Recordings VI sur une voix de petit vieillard au bout du rouleau et de le retrouver ici avec cette voix grave, mâle, dégueulante de testostérone qui a fait une part de sa réputation. Une voix qui renvoi tous les autres prétendants au titre de The Voice à leur apprentissage du langage. Comme Cash adorait chanter à plusieurs (comme moi… mais pas pour chanter), il a convié à la régalade son vieux Waylon Jennings (ancien colloc’, pote et compagnon de dope), mais surtout la regrettée June, véritable cadeau Bonux sur un album qui n’en avait pas besoin. Pour revenir à Waylon, je ne peux que vous conseiller l’album des Highwaymen, injustement boudé chez nous, groupe composé de Waylon Jennings, Willie Nelson, Kris Kristofferson et donc Johnny Cash. Les quatre de l’apocalypse en un groupe.

Cet Among The Stars album n’est pas qu’une béquille ou un moyen de faire durer le mythe, il est dans la ligne de ce que Cash a pu faire de mieux (parce-qu’il a chanté aussi le pire, sur une centaine d’albums c’est normal). S’il ne sort que maintenant c’est aussi parce-que les producteurs de l’époque n’ont pas voulu de country pure en pleine montée de la new-wave, tant pis pour leurs faces et tant mieux pour ceux qui, comme moi, n’en reviennent pas de pouvoir vivre la sortie de nouveaux albums de Johnny Cash. Mais bon dieu, heureusement que fiston a cherché jusqu’au bout à retrouver ses Penthouse, paraît que maintenant il serait à la recherche d’une vieille collection de Newlook, affaire à suivre…
Jambalaya
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le 29 mars 2014

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