Haircut 100 n'est usuellement pas le premier groupe nous venant à l'esprit lorsqu'il s'agit de parler de New Wave. Moins connu que leurs camarades Duran Duran ou the Human League, ce groupe formé en Angleterre à la fin des années soixante-dix s’est notamment illustré avec ce "Pelican West" aujourd'hui peu discuté malgré son considérable succès à l'époque.


Doit-on attribuer ce manque d’intérêt à l’étrangeté de leur patronyme ? Le chanteur/compositeur du groupe, Nick Heyward, évoque ce dernier comme ayant émergé de lui-même pendant une séance de brainstorming à la table d’un bar. La reaction immédiate de ses comparses, "mais pourquoi ?!" acheva de baptiser la formation. C’est vrai qu’un nom qui interroge, cela nous arrête et cela capte l'attention. C’est toujours mieux que l’insulte ultime, à savoir l’indifférence !


L’inconvénient c’est qu’on ne sait pas toujours pourquoi l'on est marqué. C’est un peu ça ma relation avec Haircut One Hundred. Cela fait des années que le disque revient régulièrement sur ma platine et je ne sais pas pourquoi.


J'ai toujours trouvé que la New Wave est un genre qui portait merveilleusement bien son nom. Que la majorité des groupes associés de près ou de loin au syntagme sont représentatifs d’une "tendance", de l'esprit d'une époque musicale, tout développant un son qui leur est bien propre. Comme les vagues sont à la fois singulières, même si de loin elles nous apparaissent toutes identiques.


Il est assez difficile de diluer la singularité de Haircut 100 en le reléguant parmi ses nombreux comparses de la période. Plutôt que de jouer sur du maquillage ou des costumes cintrés, c’est par leur candeur et leur enthousiasme que Haircut 100 tire leur épingle du jeu. Une fraîcheur qu’illustre d’abord cette adorable pochette, mais aussi la diversité inhérente à leurs compositions.


On m’a évoqué un jour l'idée qu'un artiste créant sa première oeuvre peut avoir tendance à mélanger toutes tes influences en un seul lieu. Effectivement, difficile chez Haircut 100 de situer où l'on se trouve, tellement le groupe aime à faire se rencontrer des éléments de la jangle pop, du funk, du post-punk. C'est peut-être le signe d'un collectif qui se cherche, c'est peut-être la preuve d’une formation qui a ose se constituer une identité allant au-delà d'un simple mélange de ses influences ?


Sans rien révolutionner, chaque morceau a sa petite idée, sa patte. Cela ne marque pas forcément dès la première écoute mais c'est suffisamment habité pour qu'une affection puisse potentiellement se développer. Il y a d'abord les trois imparables singles de l’album, "Favourite Shirts (Boy Meets Girl)", "Love Plus One" et le merveilleux "Fantastic Day", éclatante démonstration de joie saupoudrée d'une dose de tristesse infime mais nécessaire.


Le succès instantané de l’album et le caractère attachant du groupe fit décoller leur popularité. Une bande dessinée et un projet de sitcom furent même mis en route ! Des années après leur heure de gloire, il est d'ailleurs drôle de lire des interviews des membres du groupe où ces derniers évoquent hilares leur désintérêt apparent pour celle-ci, préférant nettement la pratique de la musique à toute autre distraction.


Bien que toutes les chansons soient composées par Nick Heyward, ce dernier quitta le groupe après le succès du premier album. Les raisons sur ce départ varient au fil des interviews données et semblent multiples : tensions internes au groupe, dépression chez Heyward, mais surtout pressions de la part de leur label Arista pour produire un nouvel album, seulement quelques mois après le premier. A trop stimuler la poule aux oeufs d’or on finit par la tuer. La seconde production du groupe sera un échec commercial et le groupe se séparera définitivement après. Cela n’empêchera pas Nick Heyward d’avoir une brillante carrière solo par la suite, mais ceci est une autre histoire !


En attendant, le premier album de Haircut 100 est un de mes préférés de son époque. C'est sûrement du à cette fraîcheur juvénile, qui apparaît comme un contraste bienvenu face aux ténèbres du post-punk, ou la cérébralité occasionnelle de la synthpop.


Favourite Shirts (Boy Meets Girl) : https://www.youtube.com/watch?v=CAy-RxquZPk


Fantastic Day : https://www.youtube.com/watch?v=BsF4suwvpsY

Mellow-Yellow
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