Phantom Limb
6.8
Phantom Limb

Album de Pig Destroyer (2007)

"Phantom Limb" est à l'image de sa pochette : bordélique. Les mauvaises langues me rétorqueront que le grindcore est un genre où, justement, on se doit d'être bordélique ou, au moins, de mettre tout sens dessus dessous, mais il me semble important de structurer un minimum l'enchainement des riffs, comme les Américains l'avaient brillament fait pour "Prowler in the Yard". Ici, il n'est plus question de faire headbanguer l'auditeur. Ce dernier est sans cesse stoppé net ou en retard, car le tempo change plusieurs fois dans une même chanson.

"Phantom Limb" est un album sale. La production est plus agressive à l'écoute que pour les précédents opus du groupe. Parfois, Pig Destroyer s'amuse à faire de la compote de distorsion : les membres massacrent chacun leurs instruments, et tous en même temps ! Il suffit d'écouter le début de "Girl in the Slayer Jacket" qui est peut-être la chanson la plus brouillon que j'ai jamais entendu, grindcore ou non.
"Phantom Limb" est un album méchant. Il nourrit à la perfection l'intégralité des clichés qu'ont les non-initiés à l'égard de notre musique de brutes (ou tout simplement au grindcore) à grandes décharges d'Ultra-Violence, de vocaux hurlés, et de riffs aiguisés. De ce côté-là, pas de problèmes ! Pig Destroyer est fidèle à ses fans et à lui-même, ce n'est pas un album mou. Il peut continuer de nourrir nos fantasmes, ceux des esclaves assoiffés de brutalité que nous sommes.
"Phantom Limb" est un album mi-Death, mi-Grind. C'est peut-être ici le plus gros changement. Moins de titres, des chansons plus longues, structurées d'une autre manière, franchement loin du nihilisme habituel du grindcore traditionnel. Le mélange est plutôt de bonne facture cependant, Pig Destroyer maitrise bien son sujet. Des morceaux comme "Loathsome" (et son riff de folie) ou encore "The Machete Twins" (et ses paroles dignes d'une série B d'horreur) sont parfaitement orchestrés.

En bref, "Phantom Limb" est album ou des titres brouillons ("Girl in the Slayer Jacket", "Heathen Temple") côtoient des titres cinglants ("Rotten Yellow" et sa super intro où on entend des porcs à l'abattoir...), dôtés de riffs-de-la-mort-qui-tue ("Jupiter's Eye"), ou avec des messages à faire passer (si si, "Lesser Animal", voyons!). On conserve la violence et la hargne, on perd une dose de grind pur, on gagne une production plus industrielle.

Un très bon trip, quoi qu'il arrive !
Yoth
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les plus belles pochettes d'albums

Créée

le 21 déc. 2011

Critique lue 111 fois

Yoth

Écrit par

Critique lue 111 fois

Du même critique

Evil Dead
Yoth
8

De la pâte à modeler en Stop Motion ?

Je n'étais pas encore né à l'aube des années 80, ce qui me laissera sans doute quelques regrets épars, mais je peux me permettre d'imaginer quels étaient les rapports entre les films...

Par

le 29 oct. 2011

44 j'aime

2

Moon Safari
Yoth
9

De la bonne utilisation du vocoder

La première écoute de "Moon Safari" fut pour moi le moment de réaliser qu'il ne faut jamais s'arrêter aux apparences. Ici, c'est le côté bobo qui suintait de ce groupe que je fuyais comme la...

Par

le 24 déc. 2011

37 j'aime

2

Geogaddi
Yoth
9

Red Hexagon Sun

        Ceux qui avaient reproché à « Music Has the Right to Children » d’être trop froid ou dénué d’émotions ont dû renoncer à partir de celui-là. Impossible de se fier à sa pochette rougeoyante et...

Par

le 6 févr. 2014

36 j'aime

2