Pretty in Pink: The Original Motion Picture Soundtrack (OST) par Mellow-Yellow

"Pretty in Pink", c’est à l’origine un morceau des Psychedelic Furs, paru cinq ans avant le film d’Howard Deutch qui prend son nom.


A sa sortie en 1986, la bande originale de l'oeuvre a eu un certain succès, au point d'être aujourd'hui encore régulièrement encensée dans la presse, autant musicale que cinématographique.


Dans les notes de la BO, John Hughes explique : "The music in Pretty In Pink was not an afterthought. The tracks on this album and in this film are there because Howie Deutch and I believe in the artists, respect the artists and are proud to be in league with them."


Bien qu'a posteriori nombre des artistes composant la bande-son sont aujourd'hui des pontes dans leur domaine, ce n’était à l’époque pas forcément le cas pour tous. Un choix risqué, acte de foi de la part de Hughes, dont le risque est d’autant plus salutaire qu’il est doublé par la prédominance volontaire accordée aux artistes issus du Royaume-Uni.


Bien que le film crédité à Deutch, l'esprit et la main de Hughes sont palpables à tous les niveaux. A ce titre, la bande-son se situe dans la droite lignée des films qu’il avait déjà réalisé à l’époque, chacun faisant tenir une importance particulière à l’esprit musical de son temps, et notamment la new wave. Cependant, loin de passer pour un simple best-of d'une époque passé ou comme l’arrière-plan sonore des aventures amoureuses de Molly Ringwald, la bande originale me semble aller plus loin.


Comme si elle s'imposait d'abord sous la forme d'un réceptacle émotionnel pour ses personnages. Une véritable extension de ces derniers. Les morceaux n'accompagnent pas les tourments des personnages. Ils les prolongent, leur font gagner une nouvelle dimension, tout comme le regard d'Andie gagne en détermination dès que les premières notes de "Thieves Like Us" de New Order retentissent. Plus qu'un simple miroir musical dans lequel admirer leurs émotions, les morceaux constituent le paysage nécessaire à ces derniers pour exister.


Quoi de plus parlant que la voix et les paroles de Suzanne Vega sur "Left of Center" pour accueillir le sentiment de rejet et la mise à l'écart des autres ? Peut-on mieux exprimer le sentiment de perte qu'à travers les claviers vaporeux de l'Elegia de New Order ? Et comment finir sur une joie étoilée, sirupeuse, autrement qu'à travers le "If You Leave" d'OMD ?


On pourrait continuer encore longtemps. Associer à chaque titre son propre récit, tant chaque morceau possède cette capacité d’imaginarisation, cet espace nécessaire pour que l’auditeur se fasse, en complément du récit qui lui est proposé, sa propre histoire, que le disque cesse la simple bande originale d’un film, pour devenir potentiellement celle de la vie de l’auditeur.


Enfin bon.


Je dis ça, évidemment parce que c’est le cas pour moi.


La musique c’est la vie. Le cinéma c'est la vie aussi.


Alors autant faire un film portant le nom d’une chanson, cela liera le meilleur des deux mondes.

Mellow-Yellow
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