Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra – Promises (2021)
Floating Points, en fait, c’est un homme, Sam Shepherd, musicien électronique britannique, entre autres activités, c’est lui l’initiateur de ce projet. Son trait de génie ici porte un nom : Pharoah Sanders, la légende en marche, encore debout… et en fauteuil aussi.
Avec ses vieux restes qui tiennent toujours et l’extraordinaire maturité musicale dont il fait preuve, il porte sur ses épaules une bonne partie de l’album et l’élève tout là-haut. Certes, ce n’est plus l’éclat flamboyant de la jeunesse, l’engagement physique total qui se terminait autrefois dans le cri, devenu le prolongement naturel de son expression, dans l’éclat de sa vérité et la pureté de sa sincérité.
Le vieux Pharoah puise dans ses ressources pour transmettre désormais la paix et la quiétude, la sagesse et l’harmonie, c’est une belle âme qui se livre, pleine de spiritualité. Pour cela il faut remercier Sam Sheperd car il a permis que cela arrive.
Le « London Symphony Orchestra » est aussi de la fête, mais grâce à un collage sonore : il n’est pas raconté que Pharoah ait rencontré les cordes. Il y a neuf mouvements qui se succèdent et l’orchestre symphonique intervient à partir du sixième, la force puissante des cordes réunies soulève aussi et c’est beau, à beaucoup on peut faire beaucoup.
Et puis il y a Sam également, il a trouvé un agencement avec sept notes qui filent tout au long de l’album, une répétition entêtante qui ne s’arrête pas, pour former un thème qui apaise, mais qui, au fil des minutes et des écoutes peut risquer la monotonie. Il joue également du piano, du clavecin et du celesta, c’est lui l’organisateur, le démiurge. Il décide du climat musical, privilégie l’ambiant, la musique qui plane.
Il y a ce côté futuriste qui se frotte au classicisme et à la réalité organique. L’électro, le grand orchestre symphonique et le saxophoniste, Sam Shepherd, le London Symphonique Orchestra et Pharoah Sanders. Une trinité improbable qui se rencontre ou se croise, dès la conception il y a un aspect « préfabriqué », avec des assemblages dont seul Sam possède la clef.
Un grand merci à lui pour avoir pensé au grand souffleur et s’être occupé de lui, en retour, ce dernier lui a fait également la plus belle des offrandes.
Cet enregistrement sera l'ultime témoignage de Pharoah qui nous quittera peu de temps après.