Les Daft Punk, qui ont très bien su jouer sur les coups de pub du début à la fin nous présentent enfin leur tout nouvel album, et il était impossible pour moi de passer à côté. Toutefois, j’avais quand même quelques appréhensions et je pense que la plupart d’entre vous me comprendra. En effet, quand on attend un album depuis si longtemps, on se demande un peu sur quoi on va tomber: retour aux sources ou bonne grosse bouse commerciale ? Pourtant, après que le groupe ait dévoilé le tout premier morceau, Get Lucky, tous les espoirs étaient permis, Daft Punk était enfin de retour et tout ça dans une ambiance des plus funky. Mais cela vaut-il pour l’ensemble de l’album ? Il est temps d’examiner ça de plus près. :)

Avant d’entrer un peu plus dans les détails, il me faut mettre quelques petites choses au clair. Premièrement cet album est très soft, posé, certains diront "lent". Ne vous attendez pas à un rythme endiablé, cet album est marqué par un côté très tranquille, peut-être trop à mon goût, et ça a été une petite déception quelque part, ce qui arrive souvent quand on attend quelque chose avec beaucoup d’impatience. Deuxièmement, les Daft Punk n’ont pas menti dans leurs interviews et cet album a bel et bien des influences "funky", très proches des années 1980, mais attention, funky ne veut pas dire du funk pur et dur. Notre duo préféré a choisi de jouer avec l’idée de funk, d’exploiter ses propres émotions à partir des souvenirs de cette période "magique" pour eux, vision qui s’est complexifiée avec l’intervention de nombreux collaborateurs, des pointures dans leur genre, à savoir Paul Williams ou encore Giorgio Moroder qui vont y ajouter leurs propres souvenirs et les décliner sous de nombreuses facettes. Cela donne un album très original, riche d’émotions diverses, amour, joie et mélancolie entre autres, et très "humain". Ce qui nous amène à : moins de "robots". Les voix robotiques ont elles aussi été humanisées, ce qui ne gâche rien au niveau du rendu, mais pourrait décevoir les fans impatients de retrouver les tonalités futuristes auxquelles ils étaient habitués. Les machines sont bien là, même si parfois quasi absentes de certains morceaux, mais elles ne sont plus les héroïnes et servent plutôt d’accompagnement. Bref, si vous ne digérez pas ça avant d’écouter l’album pour la première fois, économisez votre argent. C’est très différent du Daft Punk que l’on connaît, même si quelques réminiscences de Discovery semblent apparaître ici et là au fil des morceaux. D’ailleurs en parlant de morceaux….tracklist ?

1. Give Life Back To Music
2. The Game of Love
3. Giorgio by Moroder
4. Within
5. Instant Crush
6. Lose Yourself To Dance
7. Touch
8. Get Lucky
9. Beyond
10. Motherboard
11. Fragments of Time
12. Doin’It Right
13. Contact

Le premier morceau donne parfaitement le ton de l’album, certains hurleront à la mort, déçus par son ambiance soft, d’autres apprécieront l’atmosphère très funk et californienne qui s’en dégage. Pour ma part, j’ai été un peu désarçonnée à la première écoute, mais après avoir écouté l’album en entier,je dois dire que ça s’articule très bien avec le reste et que Nile Rodgers à la guitare, accompagné du vocoder, ça donne un résultat plutôt sympathique. Bonne ouverture donc, bien rythmée et funky (habituez-vous à ce mot, vous allez le revoir souvent dans cet article). Alors pourquoi gâcher cette ambiance avec The Game of Love ? Le ton était donné, la machine était lancée, quel dommage de s’arrêter en si bon chemin ! Ce morceau est lent, mélancolique, et très mal venu en début d’album. Petite déception once again. Entendons-nous bien, ce morceau n’est pas horrible, loin de là, il est juste lent, ce qui passerait bien en milieu ou fin d’album mais qui est juste frustrant quand vous n’en êtes qu’au second morceau. Vraiment dommage, surtout quand on pense à Digital Love de l’album Discovery. Au suivant ! Giorgio By Moroder, en voilà un morceau intéressant ! Tout commence par quelques confidences de Giorgio Moroder lui-même sur l’univers musical dans lequel il évolue, ainsi que ses rêves d’autrefois ou encore son arrivée dans le monde de la musique, tout cela suivi par un bon passage electro. Cette troisième piste représente à elle toute seule le concept de l’album: mettre des souvenirs en musique. Certains seront surpris d’entendre Moroder parler pendant 2mn, ou s’ennuieront un peu, mais je n’ai qu’une chose à dire: patience, le meilleur est à venir. Avec Within nous changeons encore d’ambiance pour quelque chose de plus mélancolique, avec un robot qui semble avoir le blues. Pourtant les émotions sont là et le résultat, malgré sa lenteur relative, passe beaucoup mieux que le second morceau, notamment grâce à l’intro au piano, surprenante de la part des Daft Punk mais très jolie. Instant Crush m’a beaucoup étonnée. Il faut dire que c’est selon moi le morceau le plus éloigné de ce à quoi nous étions habitués de la part des Daft Punk. Il nous fait découvrir la voix de Julian Casablancas, assez posée et juvénile ici, mais qui reste sympathique à écouter si même si, vraiment, on ne dirait pas du tout du Daft Punk. Là encore certains pourraient ne pas apprécier, mais en ce qui me concerne c’est vraiment pas mal. Nous arrivons ensuite au premier morceau qui marque la collaboration des Daft Punk avec Pharrell Williams. Sensuelle, soft et assez prenante, Lose Yourself to Dance nous encourage à nous joindre à la fête, même si ma préférence va clairement à Get Lucky. Touch est quant à elle marquée par une alternance de rythmes et d’émotions divers entre tonalités mélancoliques et tempos entraînants, presque disco. Très intéressant, ce n’est pas mon préféré mais j’aime beaucoup, notamment la voix de Paul Williams qui confirme son talent. Vient ensuite Get Lucky, la fameuse, l’adorée, celle que tous les fans impatients ont écouté en boucle dès que les premiers extraits ont été dévoilés au Coachella. Je n’ai pas grand chose à ajouter aux remarques que j’avais déjà faites ici au sujet du single (radio edit.) si ce n’est que la version album est plus rapide, et que c’est peut-être le petit truc qui lui manquait pour la rendre encore meilleure. Nous en sommes maintenant à la seconde partie de Random Access Memories, et petit à petit on se rend compte que les tonalités robotiques sont un peu plus présentes, même si elles restent relativement discrètes par rapport aux précédents albums et s’inscrivent dans un tout autre style, beaucoup plus rétro. Les voilà d’ailleurs qui débarquent dans Beyond, un de mes morceaux favoris. L’intro est juste excellente, épique, et même si le rythme ralentit un peu après, le morceau reste captivant, notamment grâce au texte écrit par Paul Williams. Motherboard, commence par une touche de légèreté, avec une fois encore une très belle intro, puis bascule dans quelque chose de plus "ambiant" dominé par les sonorités électro avec une touche jazzy. Simple et efficace. L’ambiance redevient très funky avec Fragments of Time qui nous fait clairement basculer vers les années 1980 ! Encore un morceau que j’ai beaucoup aimé car il est porté par une bonne rythmique, la voix de Todd Edwards, ainsi qu’une redoutable utilisation du vocoder. Nous en arrivons aux deux derniers morceaux qui sont peut-être les plus particuliers de ce nouvel album. Tout d’abord Doin’ It Right, qui en aura surpris plus d’un du fait de la présence de Panda Bear. Mais il fallait oser, et les Daft Punk l’ont fait. Beau petit mélange d’Animal Collective et de Discovery, ce morceau est aussi surprenant qu’intéressant, même si mon préféré est de loin Contact, le dernier morceau, celui où le sample fait son apparition. Que dire sinon qu’aucun autre morceau n’aurait pu convenir comme conclusion d’un album aussi spécial que Random Access Memories ? C’est peut-être dans ce dernier morceau qu’on reconnaît pleinement les Daft Punk, qui semblent vouloir encore nous entrainer vers d’autres aventures alors que la machine s’emballe et qu’il semble impossible de l’arrêter. Incontestablement le meilleur pour moi. Une perle.

Les Daft Punk aiment décidément être là où on ne les attend pas, ce qui n’était pas sans risques après tant d’années d’absence, mais il me semble que le pari est réussi. Véritable retour vers le passé, Random Access Memories nous fait vivre l’amour de ce duo pas comme les autres et de leurs collaborateurs pour les eighties. Funky, bourré d’émotions et finalement très "humain", cet album se décline en une grande variétés de facettes, de la pop au funk, avec des touches presque rock, de la joie au désespoir, où des intros épiques côtoient les synthés et les vocoders. Bien évidemment, certains fans seront déçus face à un rythme qui se veut désormais plus soft, posé, et gênés par la présence de ces tonalités façon années 80. Oui, le rythme est bien le seul détail qui m’a gênée durant mes nombreuses écoutes (et j’insiste sur le mot "nombreuses) et mon seul regret pour cet album, mais peut-être que je m’accroche, moi aussi, au passé. Pourtant comment ne pas saluer l’originalité du concept ? Des collaborateurs talentueux, des morceaux très travaillés, des intros superbes, et surtout des émotions. On aura beau dire, Random Access Memories a le mérite d’être une sacrée surprise, bonne pour certains, comme moi, mauvaise pour d’autres qui attendaient quelque chose de plus futuriste, plus endiablé. Et pourtant, les Daft Punk n’ont jamais menti sur le contenu de l’album malgré les nombreux coups de pub (trop nombreux peut-être): mettre les souvenirs en musique, revenir vers les passé…ils nous l’avaient promis, nous l’avons eu. Reste à voir si tous les fans seront prêts à les suivre dans cette nouvelle aventure. En ce qui me concerne, c’est oui, résolument oui, même si des morceaux plus vifs auraient aussi été les bienvenus et que rien ne détrônera jamais Discovery dans mon coeur ;) . Un album qui finalement est "human after all" et dans lesquels les machines se font plus discrètes pour que les émotions puissent émerger.

Note: 07/10 (plutôt 7,5 mais...)

Les morceaux +:

Contact
Beyond
Giorgio By Moroder
Get Lucky
Within

Les morceaux -:

The Game of Love

See Ya !

Andey Z.
Andélys
7
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le 22 mai 2013

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Andélys

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