Féconde une erreur pour en faire une vérité

Elements de compréhension pour une meilleure expérience esthétique de l'album RAW.Z.

Contrairement à ce que laisse sous-entendre l'idée d'une extension de l'album RAW qui irait vers le haut par processus énergique, RAW.Z est un projet intérieur. J'ai cru, à voir le gantelet, qu'il symbolisait une volonté de contrôle, de domination, de confrontation.

Après écoute, il s'agit bien plus d'une épuration intérieure, et une expression des métamorphoses de son âme baignée dans des larmes de lait. Reconnaissant la laideur des passions terrestres et tout ce qui peut entraver le développement de sa richesse mystique, c'est les manches retroussées, les avants-bras solides que le Lay a enfoui ses mains dans l'eau bleuâtre et glaciale de son être.

Les yeux révulsés de la jaquette nous éclairent sur la reconnaissance de l'haut delà, du monde digital mais c'est aussi une représentation des longue heures de songeries, étendu, un bras plié derrière la tête, les yeux suivant la fuite des volutes de fumée qu'il expire sur un plafond écaillé.

Le bleu est donc la couleur dominante de l'ensemble : valeur nocturne,émanations obscure de l'âme, les puissances occulte de la nuit, le sacré, la valeur de la psyché. Laylow voyageur perdu le jour qui attend la tombée de la nuit car il sait que les choses d'en haut ne se révèlent que lorsque s'éteignent celles d'en bas.

Il ne faut pas croire, malgré tout, que cette tentative n'est qu'un projet lunaire, celui d'une vie végétative voir inconsciente gouvernée par une imagination spontanée noyée par le rêve.
A ces forces initiales se mêlent d'une part une volonté de singularisation, de dépassement, d'indépendance, d'autre part l'auditeur attentif pressent l'existence des puissances infernales et de la vie souterraine ; tendances agressives, sadiques, destructrices.

Apaisant cette douleur comme il peut, sa mélancolie se montre à nous sous les oripeaux du mystère ; sa sérénité n'est pas un jeu comme cela a pu être le cas dans les projets précédents. Elle se répand au dessus de la nostalgie, elle connait maintenant la clarté du destin et dessine son passé à la flamme. Discernement de la réalité qui se dissimule derrière le rideau des apparences.

Le sentiment est portée par une voix qui soupire dans le marbre, grince dans les fumées et hurle à chaque blessure comme une mer dont on arrache l'écume.

Le projet s'étale devant nous, monumental par sa vision, long comme le corridor d'un temple encadré par des crocodiles aux dents d'ivoire. Laylow infiltre des poisons dorés dans ses veines et marche pieds nus sur une mosaïque couverte de sable bleu sur laquelle caquettent des paons aux pattes roses. Au devant, une ribambelles de vierges prêtes à coudre la voile de son départ. L'héraut des sang-mêlées, sublime, contemple les ondulations des monstres et leurs prunelles qui s'épanouissent comme des fleurs. La main couverte d'argent et de rubis il caresse le lion dévorateur de soleil, un joyau coincé dans la gueule. Digitalisé, il progresse vers une femme couronnée d'étoiles assise sur un trône de ténèbres, une lune tatouée sur la poitrine.

"La douleur s'apaise avec du sang. Gorge ta haine, elle te soutiendra."