Anton Newcombe, au faîte de sa carrière et de sa consommation d’héroïne, se plaisait à affirmer qu’il ne composait rien, que la musique était partout autour de nous et qu’il ne faisait qu’écouter – peut-être simplement avec une attention supérieure – l’univers et ses vibrations.

Paroles en l’air d’un junky à l’imagination fertile, croyons-nous alors.

Pourtant, en 2014, le Brian Jonestown Massacre, purgatoire et rédemption de l’artiste, vit encore, renaît de ses cendres.
Et force est de constater qu’Anton n’était finalement pas si fanfaron. Débarrassé de ses addictions, autoproduit en marge d’un système qu’il exècre, le multi-instrumentiste s’offre et nous offre un pur moment d’éternité éthérée.
Les ramifications de cet album providentiel semblent si vastes, inextricables, qu’il est hasardeux d’affirmer qu’elles ne sont l’œuvre que d’un seul et même homme. Comme portée par une force créatrice indépendante, la musique du Brian Jonestown Massacre s’envole, se libère et libère son instrument, un Newcombe possédé par l’Art que rien n’arrête ni n’effraie.

Il y a là la rassurante facilité d’écoute de la Pop, la rage du Punk, la rythmique endiablée des musiques tribales, la lancinante redite du Rock, il y a l’univers.
La voix est désincarnée, distante. Mais d’une richesse infinie. Cette étonnante présence vocale, tels le flux et reflux perpétuels de l’océan, entraîne l’auditeur consentant vers un monde mirifique de rêves oubliés, une poésie triste aux repères temporels brouillés.
Puis il y a la marque du BJM, le trait d’union unique entre acoustique et électrique, évident mais inégalable. Deux univers contradictoires fondus, confondus le temps d’une utopique universalité.

Inattendu, peu médiatisé, comme si la timidité s’était soudain emparée d’Anton Newcombe, Revelation est un bijou de créativité, rare et précieux, à choyer précieusement et à admirer longuement, à étudier sous tous les angles, à vivre intensément.
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le 14 juin 2014

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