God gave rock and roll to you, gave rock and roll to everyone.
Après deux albums franchement mauvais mais qui se sont plutôt bien vendus (d’ailleurs j’ai du mal à y croire) KISS enregistre un nouveau single pour la suite de l’excellent Bill & Ted (avec un tout jeune Keanu Reeves dedans). Ils se retrouvent en studio avec Bob Ezrin, Gene Simmons hésite à retravailler avec lui vu la catastrophe qu’était The Elder. Même finalement Paul, Gene et Bob réécrivent ensemble God Gave Rock’n’Roll to You, reprise d’un groupe inconnu Argent (et je pourrais en faire des blague à deux balles avec leur nom). La chanson sera d’ailleurs un succès majeur pour le groupe et ce dans plusieurs pays. Par la même occasion les trois hommes décidèrent donc de travailler sur un tout nouvel album, Revenge. A cette même période Eric Carr est diagnostiqué d’un cancer situé au niveau du cœur. Le groupe se voit dans l’obligation d’engagé un nouveau batteur, Eric Singer, du moins le temps que la santé de l’autre Eric s’améliore. Eric Carr participera tout de même à l’enregistrement du clip vidéo pour le single. Malheureusement il décédera le 24 Novembre 1991 à seulement 41 ans, malgré les nombreuses opérations. Un jour extrêmement douloureux pour le monde du Rock, en effet Freddie Mercury succombe du SIDA ce même jour. Quand KISS retourna en studio avec Ezrin pour se lancer dans l’enregistrement de Revenge, Eric Singer fut nommé officiellement le remplaçant de Carr.
Etrangement Vinnie Vincent a travaillé sur l’écriture de quelques chansons sur ce nouvel album. Il serait lui-même venu voir le groupe afin de s’excuser pour le mal qu’il avait causé au sein de KISS. Le guitariste causera les mêmes problèmes au niveau de son contrat qu’il avait causé avant de se faire virer du groupe et l’histoire se terminera en procès que Vinnie perdra.
Au niveau de la pochette le groupe semble avoir voulu faire dans la sobriété. On y voit ce qui semble être la carlingue noire d’un avion de chasse, genre un Spitfire ou quelque chose du genre. Un gros logo KISS y est imprimé, suivi par le nom de l’album peinturluré en rouge à la va-vite, le tout parsemé de trous de balles…non pas ce genre là, bandes d’obsédés… Ce n’est pas ce qu’ils ont fait de mieux mais c’est toujours plus réussi que leurs dernières tentatives.
Et c’est à croire que Gene Simmons cherche de suite à faire oublier les erreurs de l’album précédent, car avec Unholy la plaisanterie est terminée. Le son y est lourd, bien plus lourd que sur ce qu’on a pu entendre sur l’album Creatures of the Night. Ce côté couillu s’entend aussi bien dans l’instrumentation que dans la voix démoniaque de Simmons. Sans parler du solo tordu de Bruce Kulick qui est de toute beauté. C’est à croire que la collaboration entre ce-dernier et Vinnie Vincent a portée ses fruits. A mon avis c’est l’une des meilleures chansons du groupe depuis Creatures mais aussi l’un de leurs meilleures tout court.
Paul Stanley suit le mouvement avec son Take it Off. Bon c’est moins lourd mais c’est souvent le cas avec Paul, essentiellement à cause de sa voix qui part plus dans les aiguës. Etrangement Eric Singer ne joue pas de batterie ici, il est remplacé Kevin Valentine qui avait déjà travaillé avec le groupe sur l’album précédent et qui reviendra sur le suivant. On peut aussi entendre, enfin c’est vite dit, un certain Tommy Thayer dans les chœurs. Alors que sur Hot in the Shade les chansons de Stanley étaient chiantes, ici c’est est une franche réussite.
On continue avec de bonnes bases car Tough Love est à nouveau un très bon titre. On sent de suite la pâte Bruce Kulick dans l’écriture, il a un style qui se reconnaît assez facilement finalement. D’ailleurs c’est lui qui remplace Simmons à la basse, certainement parce que c’est sa propre chanson. J’aime en particulier le refrain appuyé par les chœurs et surtout la voix de Simmons, au moins il glande pas.
On enchaîne sur ma deuxième chanson préférée de l’album, Spit. C’est un beau titre avec des couplets Zeppeliniens, un peu comme Radar Love sur Asylum. Sauf que cette fois-ci Gene Simmons est à la barre, même si Paul vient l’aider comme sur les albums des années 70. Franchement ça part dans tous les sens, c’est un titre complètement taré appuyé par un solo déjanté où Bruce ajoute l’hymne américain sans trop de raisons.
God Gave Rock’n’Roll to You II est l’une des chansons les plus marquantes de l’album, pour Gene Simmons ce n’est pas une reprise mais un véritable testament envers Eric Carr. Si vous avez une bonne oreille, ou deux, vous pouvez d’ailleurs l’entendre dans les chœurs. Paul et Gene se partagent équitablement le micro. C’est une chanson à la fois joyeuse et émouvante, essentiellement par rapport à Carr. Cette version est bien plus marquante que la version originale par Argent. Ici elle devient un véritable hymne, parfait pour que le public la chante en concert. Une chose que j’adore en particulier c’est le break juste après le solo de guitare, qui donne à la chanson un petit côté Eglise. D’ailleurs sur ce passage la voix de Simmons est juste parfaite. Au final même si la chanson est très bien, elle fait un tâche sur l’album du coup. D’un autre côté elle ne devait pas y figurer à la base.
OH PUTAIN OUI ! Domino est sans hésiter la meilleure chanson de tout l’album, de loin et pourtant j’apprécie grandement l’album. Gene se prend ici pour Billy Gibbons des ZZ Top, tellement qu’il y joue d’ailleurs la guitare rythmique en plus d’assurer la basse comme à son habitude. Bien entendu c’est un Rock teinté de Blues, extrêmement couillu et qui parle de cul…logique quoi. Je conseille d’ailleurs la version acoustique de leur Live unplugged.
Heart of Chrome est à nouveau un titre co-signé Vinnie Vincent et ça s’entend, mais cette fois c’est avec Paul Stanley. On dirait vraiment un quelque chose provenant que Creatures of the Night et vous savez que selon c’est un très bon album.
Thou Shalt Not est encore une chanson couillue signée Simmons. Que dire d’autre franchement ? Il doué pour ça et c’est réussi encore une fois.
Every Time I Look at You est la power-ballade obligatoire de l’époque et bien entendu elle est signée Paul Stanley. Autant je trouvais que Forever sur l’album précédent était sympathique mais cliché (certainement à cause de Michael Bolton), autant ici…bah…j’aime bien. Alors est-ce par rapport à l’instrumentation bien plus classique, pleine de violons et de piano ? Ou est-ce à cause de la voix de Paul qui ici propre et sans trop de fioritures ? Ou est-ce à cause du très beau solo du regretté Dick Wagner (qui jouait déjà sur Destroyer) ? Etrangement je suis très client de cette chanson ! Oh et j’oubliais mais Bruce remplace Gene à la basse…pourquoi ? Peu importe…
Après un passage un peu neuneu, Simmons semble signaler que les conneries sont terminées avec son Paralyzed. A nouveau il signe un titre couillu et typique de lui, dommage qu’il ne soit plus maquillé en Démon car toutes ses chansons sur Revenge collent parfaitement à cette personnalité.
I Just Wanna de Paul et Vinnie semble toute droit sortie de Lick it Up ou du moins du début de leur période sans maquillage. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, du moins dans le cas présente. Elle est facile à retenir et un peu con-con mais c’est selon moi parfois mieux pour Paul Stanley. Bien entendu la chanson parle de cul et je suis certain que lors du refrain même s’il dit « I just wanna for », Paul fait tout pour que ça ressemble au mot « fuck ». Même si réellement il enchaîne ensuite sur « forget you ».
On termine sur une piste instrumentale Carr Jam 1981, qui sous ce titre barbare cache simplement une improvisation entre le groupe et le regretté Eric Carr. C’est plus ou moins l’équivalent pour KISS du Moby Dick de Led Zeppelin. Cette session ressemble aussi à l’un des nombreux solos de batterie qu’Eric Carr faisait toujours lors des concerts de KISS. De plus il s’agit là d’un vibrant hommage que le groupe lui dédit en l’incluant sur l’album.
Bien !
Certes cette critique était longue mais ça valait le coup. Honnêtement je croyais que j’allais réduire sa note, qui était déjà plus que positive mais au final en écrivant ces lignes je me suis rendu compte à quel point j’apprécie Revenge. Alors oui je l’aime en grande partie à cause des deux albums d’avant, qui sont exécrables. C’est aussi à cause de son côté hommage à Eric Carr, qui a toujours été mon membre préféré. Mais c’est surtout parce que l’album est franchement réussi. C’est leur meilleur album depuis des années, le groupe semble avoir pris un coup de jeune et la production de Bob Ezrin est juste parfaite (comme toujours). L’album a d’ailleurs plutôt bien marché lors de sa sortie, devenant leur plus gros succès depuis Dynasty. Mais rapidement son succès retomba comme un soufflet raté et il n’obtiendra que le statut de disque d’or, à la fois aux Etats-Unis et au Canada. C’est franchement dommage vu sa qualité et malheureusement l’album suivant ne réussira pas à faire mieux, loin de là même !
