Riot City Blues
6.9
Riot City Blues

Album de Primal Scream (2006)

Ce qui est bien avec Primal Scream, c’est qu’il suffit d’écouter un de leurs albums pour savoir quel style de musique avait le vent en poupe à sa sortie. Dans cette décennie des années 2000 où les mouvements musicaux fédérateurs sont rares et le revivalisme est très répandu,Riot City Blues dévoile ce penchant pour une nostalgie qu’on subit encore de nos jours. Car il ne s’agit plus d’électro rock tirant sur l’indus et la noise comme c’était les cas avec les deux œuvres précédentes, mais de blues rock. Plus précisément, du Rolling Stones. L’avantage quand on s’inspire d’un des groupes les plus surestimés de l’histoire de la musique (sur le format longue durée, du moins), c’est qu’on ne place pas la barre très haute concernant nos attentes. Parce que ce disque, ma foi, il vaut bien un Beggars Banquet quoi qu’en dise les ayatollahs du rock à papa.


Autre changement qui découle de ce revirement stylistique, Primal Scream redevient un vrai groupe de rock. C’est-à-dire proche des origines : des guitares, une section rythmique, un micro et un clavier qu’on peut ouïr de temps en temps. Back to the basics donc. En dépit de la présence de nombreux invités, cela ne change pas cet état de fait. A l’image de cette pochette, la formation se réduit et revient à l’essentiel.


Tout comme ses compositions justement. Prenez « Country Girl » par exemple. Un beat de batterie dansant, un refrain qui se visse puis reste dans le crâne immédiatement et des guitares rock & roll. Zéro originalité, zéro ambition et pourtant, ça fait du bien. Car quand le gang de Bobby Gillespie s’empare du passé pour le faire resurgir à son époque, il écrit suffisamment bien pour nous faire oublier que cela date de Mathusalem. Bref, on tient là un tube. Le genre de morceau qui aurait pu marquer son époque s’il avait reçu une couverture commerciale suffisante pour le faire connaitre au plus grand nombre. « Suicide Sally & Johnny Guitar » est du même tonneau tant elle fait plaisir avec son énergie communicative et son refrain inoubliable. Même des morceaux moins mémorables tels que « Nitty Gritty » et « When the Bomb Drops » retiennent l’attention, parce que c’est du bon rock. Soit festif, soit inquiétant.


Si les titres sont souvent up tempo, le combo calme parfois le jeu. Notamment sur « Little Death » dont l’atmosphère fataliste (hmmm ces chœurs obsédants…) marque. Cependant, sa longue durée dilue son efficacité et le rend un poil frustrant. Ce qui s’oublie vite face à l’entrain dont bénéficie « The 99th Floor » et surtout « Dolls », dont les "lalala" se chantent obligatoirement dans toutes les salles de bain du monde entier une fois qu’on les a entendu.


Hélas, Riot City Blues est une sortie bien négligée et ce, pour des raisons similaires à Give Out But Don't Give Up. Puisque beaucoup moins originale que les autres travaux de la troupe Écossaise. Tellement tournée vers les racines qu’on serait tenté de le prendre pour une simple récréation pour ses auteurs, donc à l’intérêt artistique limité. Si ce disque est effectivement mineur dans leur carrière et même dans l’histoire de l’Art en général (mais MC Solaar serait-il d’accord ?), cela n’empêche pas qu’il confirme ce talent rare de réappropriation que possède Primal Scream. C’est-à-dire reprendre ce qui ne lui appartient pas pour le rendre plus accessible et l’emmener au sommet.


Quelques défauts sont toutefois à signaler telle que cette fin d’album plongeant subitement dans l’anodin (d’ailleurs, la ballade finale fait peine à entendre quand on la compare aux slows magiques qu’a pu chanter Bobby auparavant). Malgré ça et peu-importe qu’il ne s’agisse pas de rock alternatif, Riot City Blues s’avère, encore aujourd’hui, le dernier skeud appréciable du Cri Primaire.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
6
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le 22 oct. 2017

Critique lue 200 fois

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