Runnin' Wild par PaulG1

Quand j'étais au lycée, j'aimais bien sécher les cours pour aller lire des BDs au Virgin de la Place Gambetta à Bordeaux. Magasin Virgin qui est d'ailleurs maintenant fermé mais ce n'est pas vraiment en rapport avec cette critique. Critique qui n'en est pas vraiment une non plus parce que je crois que musicalement, tout a été dit sur Airbourne. Oui, ils font du AC/DC et oui c'est toujours un peu la même chose, mais en même temps c'est du hard-rock quoi, il y a pas trente-six mille façons d'en faire.

De temps en temps, lorsque les vendeurs nous kickaient des rayons parce qu’il y avait trop de monde ou encore lorsque quelqu'un lisait le tome de Lanfeust que je voulais, j'allais à l'étage du dessous écouter des CDs. Je ne sais pas si des gens le font encore, il faut avouer que ça doit bien faire une paire d'années que je ne l'ai pas fait, mais c'était comme ça qu'on (je) découvrait de la musique à l'époque. C'était avant les découvertes de la semaine de Spotify et de son algorithme méga puissant. Je piochais donc des trucs en tête de gondole sans trop chercher à comprendre, attiré soit par le design de la pochette, soit par le nom du groupe/artiste... Ça marchait pas toujours, parce que par exemple je me suis déjà retrouvé à écouter Emile et Image, victime des choix marketings d’un manager de rayon qui cherchait certainement à écouler son stock. Mais en général le bougre avait plutôt bon goût et de là à dire que cet inconnu a été à la base de ma culture musicale, il n'y a qu'un pas que nous allons sauter allègrement. Hop. Haha, humour de merde.

C'est comme ça que je suis tombé sur Runnin' Wild d'Airbourne. Ce qui est un peu bizarre parce que la pochette n’est pas franchement attirante. Celle de leur album suivant, No Guts No Glory, correspond beaucoup plus à mes standards artistiques, mais ça ne peut pas être le premier album d’Airbourne que j’ai découvert parce qu'il est sorti en 2010 et qu'en 2010 j'avais quitté Bordeaux depuis bien longtemps. Les dates ne collent pas. Je dois avouer que j'ai quand même un petit doute. Espérons que si un jour je suis témoin clef dans une enquête policière, on ne me demandera pas quel album d'Airbourne j'ai découvert en premier parce que je serais bien incapable de répondre. Enfin si, je leur dirais ce que je suis en train de vous écrire, que c'est dans doute Runnin Wild mais que dans mon esprit c'était avec la pochette de No Guts No Glory, que ma mémoire me joue des tours mais il faut me comprendre inspecteur, c'était il y a plus de 9 ans alors bon c'est pas franchement évident. Si j'avais su, j'aurais pris des notes et c'est quand même dommage qu'il n'y ait pas eu SensCritique à l'époque. Surtout l'option Journal, c'est super pratique. Enfin vous voyez le topo quoi.

Il faut savoir qu'à cette période j'écoutais pas mal de rock, pas vraiment un genre en particulier mais il fallait que ça bouge. J'aimais les sons électriques bien gras à la Smoke On the Water de Deep Purple par exemple. Les groupes que j'écoutais le plus étaient des trucs comme Kaiser Chiefs, Franz Ferdinand… Led Zep mais plus Black Dog ou Kashmir que Stairway to Heaven si vous voyez ce que je veux dire. Ou encore les Stones mais alors des trucs comme Start Me Up, Jumpin Jack. Vous me mettiez un petit rythme shuffle, des accords de Blues avec des guitares bien grasses et j'étais content. Il me fallait du rock qui tâche, génération rebelle, son ultime: La Grange de ZZ Top. Il faisait quand même bien son boulot le mec de Virgin. Me voilà donc en train d’écouter Runnin Wild/No Guts No Glory. Coup de bol, le casque audio marche correctement et je me prends l'intro de Stand Up for Rock N' Roll à fond dans les oreilles. J'ai aimé. Comme tout le monde, j'ai bien regardé la pochette pour être sûr que je ne m'étais pas planté et que j'écoutais en fait du AC/DC mais non. Je commence à passer tout les sons et je me souviens de m'être assez vite une idée sur les gonzes : du hard rock sous amphèt’, avec ces bon gros riffs que j'aimais tant. Ceux sur lesquels je pouvais balancer ma tête et faire des gros fucks imaginaires à la terre entière, enfin surtout les gens du bus 20 en période de pointe. En rentrant j'ai téléchargé l'album, l'ai mis dans mon MP3 et l'ai écouté sur mes enceintes Logitech que j'avais "empruntées" à l'ordinateur familial. Oui téléchargé parce qu'à l'époque j'avais encore moins d'argent que maintenant et même si j'en avais eu, il serait d'abord passé dans les cigarettes et les demi pêches que je prenais avec ma bande le samedi après-midi, au Dick Turpins.

Enfin tout ça pour dire que ce matin je me suis réveillé avec une gueule de bois des familles, pas celle qui te colle au fond du lit jusque cinq heures du soir, plutôt celle qui te réveille à huit heures du mat' et où tu passes ta journées à dire des conneries. Ces petites journées "sans filtre" où tu sors tout ce qui te passe par la tête. Les meilleures. Je me suis donc réveillé pour réaliser que j'ai laissé mon vélo près de là où je suis sorti la veille, ce qui veut dire que 1) je suis quelqu'un de prudent et que 2) je devais quand même être sacrément bourré.
Pas désarmé par la perspective d'une promenade matinale, je me suis mis en route pour aller récupérer ce fameux vélo. Notons au passage que j'ai dû faire le chemin deux fois parce que j'avais oublié les clefs du cadenas chez moi. Quelle tête de linotte! Pour me donner un peu de courage (surtout la deuxième fois), je cherchais une playlist un peu rock'n roll sur Spotify (ma préférée c'est Air Punch de Spotify UK) et c'est là que m'est venue l'idée de Runnin Wild. Alors bien évidement je l'avais déjà réécouté depuis 2007, mais cette fois-ci je suis parti en combo gueule de bois + longue marche + fatigue et tous ces souvenirs me sont revenus. Mes années lycée. Un peu nostalgique, ça m'a fait surtout marrer de voir qu'un album un peu anodin finalement pouvait faire remonter tout ça. J'ai essayé très fort de ne pas mettre les mots madeleine et Proust dans ce texte mais bon, il faut reconnaître qu'ils sont plutôt à propos.

Alors en arrivant au bureau je suis allé voir si j'avais noté l'album sur SC, ce que j’avais déjà fait donc j'ai mis un petit cœur en plus. Et puis quand j'ai compris que j'étais trop mort pour bosser j'ai commencé cette critique. Une chronique du temps qui passe. Même si bon c'était il n'y a que 9 ans alors on va se calmer un peu.