Frankenstein crée un genre.

Primus, tout le monde connais sans le savoir, pour le générique de South Park. C'est le groupe que 3/4 du temps quand je fais écouter à mes potes, à chaque fois ils répondent la même rengaine : "putain c'est bizarre ta musique". Et c'est vrai que Primus, c'est particulier, pour ne pas dire inclassable. Mais c'est surtout le groupe que tout bassiste vénère comme si c'était une religion.

Parce que Primus, ça reste avant tout Les Claypool, aka celui-ci chante tout en faisant un riff en tapping sur sa basse à 6 cordes sans aucun problème. Une basse pour Les, c'est pas un instrument : c'est un jouet qu'il utilise comme il l'entend et dont il sort tout les effet possibles. Les c'est un peu le Tom Morello de la basse : il a son truc, son jeu bien à lui et bien reconnaissable entre milles. Si Les Claypool porte le groupe, rendons justice quand même aux deux (plus ou moins) pauvres oubliés que sont Larry LaLonde et Tim Alexander. Le premier complète totalement le jeu de basse de Claypool par son originalité et son jeu acidulé, le deuxième apporte son jeu de batterie tentaculaire et complet.

Et de ce trio il en résulte quoi ? Une joyeuse orgie de genres qui n'ont rien à foutre ensemble à première vue, mais dont le mélange donne une saveur toute particulière où l'on retrouve la puissance du hard rock, l'excentricité du funk, la rigueur du jazz, et sur cette base se mêlent avec un second degré plus ou moins fort la folk, l'expérimental ou la country. On en oublierai presque que Les sabote plus ou moins volontairement son chant sur l'autel de la bizarrerie, pour le meilleur.

Sailing The Seas Of Cheese, c'est un album qui ne laisse pas intact à son écoute. Représentant le plus célèbre et le plus représentatif du style primusien, c'est un album qui marche selon ses propres règles. C'est un album d'une originalité et d'une richesse rare, où la simplicité a une place égale à celle de la virtuosité, où le ringard se frotte aux gammes sorties d'un autre univers, où les structures bête et méchante du rock trouvent leur sens dans un monstre de Frankenstein musical haut en couleur. Sailing The Seas Of Cheese, c'est juste un putain d'album.