Herbie Hancock – Secrets – (1976)
Cet album est le symbole d’une époque pas très glorieuse où quelques grands noms du jazz, emportés dans un mouvement appelé « jazz rock », se commirent à une certaine facilité, en se laissant glisser vers une musique commerciale, qui se terminera avec l’ascension du « disco », un genre qui pourrait prendre une partie de son identité dans ce jazz-funk dévoyé…
Bon ce n’est pas toujours si mauvais, car Herbie est un grand musicien, il y a, par exemple « Swamp Rat », où la patte d’Herbie ne se révèle pas si loin du correcte, avec un très bon Bennie Maupin au sax qui sauve le truc, bien soutenu par la rythmique, James Levi à la batterie et l’énorme Paul Jackson à la grosse basse électrique à l’avant.
On pourrait citer aussi le titre suivant, « Sansho Shima », le dernier de l’album, où le talent d’instrumentiste personnel du claviériste sauve un peu la pièce, mais ce n’est pas non plus si grandiose, on sent une certaine facilité et le sentiment d’écouter la musique au kilomètre…
Comme souvent sur ce style d’album, il faut bien écouter le premier titre qui est mis en avant, ici « Doin’It » qui commence comme un titre de Stevie Wonder, se poursuit à la mode « canard » et glisse vers la soupe et l’ennui jusqu’à ce qu’interviennent les chœurs, qui relancent de façon un peu trop répétitive et signent comme une sorte de naufrage, dans ma mémoire les radios en raffolèrent et en firent un « hit » à l’époque.
Là où c’est un peu triste c’est sur la reprise de « Cantaloupe Island » de l’album « Empyrean Isles », devenu « Cantelope Island » et servi à une sauce de mauvais goût, comme si l’époque voulait broyer et digérer le passé glorieux, et le transformer en pompe à fric. Bon je sais bien que la méchanceté ici ne sert pas à grand-chose, d’autant que ce n’est pas complètement nul en fait, juste pas si loin, il est cruel d’écouter les deux versions à la suite, je m’y suis essayé…
Il faudrait que je vous parle des extraordinaires albums d’Hancock gravés peu avant cette période à oublier, et qui méritent une écoute attentive, j’ai déjà abordé par ici les superbes « Blue Note » mais sa discographie est riche d’autres trésors…