Senjutsu
6.4
Senjutsu

Album de Iron Maiden (2021)

6 ans après un Book of Souls qui avait divisé de par son côté progressif à l'extrême (trop pour certains, même si ce n'était pas mon cas), la Vierge de Fer revient avec Senjutsu et une thématique nippone annoncée, autour de l'art du combat des samouraïs (Senjutsu se traduisant par "tactique" ou "stratégie"). Difficile d'être objectif s'agissant de mon groupe favori, mais on peut d'ores et déjà dire que ceux laissés sur le bas côté par la direction prise par les Anglais depuis Brave New World ne seront pas rassurés. Maiden évolue dans la continuité Heavy Metal progressif épique, avec à nouveau un double album long de plus de 80 minutes, dont le point culminant est le triptyque final qui affiche 30 minutes à lui seul.


D'emblée avant de s'attaquer au titre par titre, un mot sur ce qui est pour moi LE point faible de l'album : La production. En effet, le son semble étouffé, brouillon. La voix de Bruce Dickinson passe sous les radars et semble venir du fin fond d'un cagibi et non du studio d'enregistrement, un comble au vu des efforts qu'il déploie et de la qualité de son chant malgré qu'il approche les 65 ans !
La basse de Steve Harris se retrouve trop forte sur le devant du mix, tout comme le synthé, tandis que les guitares manquent de punch, de même que la batterie de Nicko McBrain, le son des toms ne rendant pas honneur à la qualité de son jeu.
On ne peut que déplorer cet état de fait, au vu du standing et des moyens du groupe, même si en effet la qualité des dernières productions ont été plus ou moins variables depuis Brave New World, la dernière de qualité à mon sens.


L'album s'ouvre sur son titre éponyme, avec des percussions martiales de Nicko McBrain, puis un riff abrasif, somme toute inhabituel dernièrement chez Maiden. On entre de suite dans une ambiance sombre, que l'on retrouvera tout au long de l'album, et qui n'est pas sans rappeler The X Factor.
Le refrain tranche avec une mélodie au chant somme toute originale et rafraichissante, malheureusement le morceau s'étire sur 8 minutes, trop pour ce qu'il a offrir, et il manque de punch pour une ouverture d'album. Je le vois mal ouvrir la prochaine tournée du groupe, au risque de refroidir l'ambiance...


En 2ème position est placée Stratego, morceau bien plus classique chez Maiden, puisqu'on y retrouve la fameuse rythmique galopante. Malgré tout, le morceau est très efficace, ce qui n'était pas le cas des morceaux "courts" de Maiden depuis un bon moment. L'enchainement des pré-refrains et refrains rend le morceau particulièrement épique. A noter un pont aux sonorités nippones très intéressant. Le morceau n'est toutefois pas parfait, Janick Gers nous offrant un solo sans inspiration, où il retombe à nouveau dans ses mêmes gimmicks. Dommage.


On enchaine sur The Writing of the Wall,1er des 3 titres signés par le duo Smith/Dickinson. Ce morceau est à nouveau étonnant par bien des aspects, déjà par son ouverture à la guitare sèche, puis par son ambiance celtique entrainante.
Le refrain rentre immédiatement en tête, et on imagine sans mal le public le scander en Live !
Du tout bon ici, puisqu'Adrian Smith nous délivre un magnifique solo, très inspiré (comme sur tout le reste de l'album d'ailleurs).


Lost in A Lost World arrive ensuite avec une intro à nouveau surprenante, où la voix de Bruce est appuyée par un effet que n'aurait pas renié Pink Floyd.
La suite du titre est plus classique, on entend ça et là des relents de Fortunes of War ou When the Wild Wind Blows, au fur et à mesure que les changements de rythmes s'opèrent sur les 9 minutes. Sympathique mais pas non plus de quoi s'offrir une claque.


Days of Future Past est le 2ème titre co-signé par le duo Smith/Dickinson. Il est le plus court de l'album, et ne s'embarrasse pas d'une longue intro, puisqu'Adrian nous balance un riff absolument délicieux. La suite du morceau n'est pas en reste, le refrain étant accrocheur, Bruce Dickinson nous montrant encore sa capacité à aller chercher des notes dont lui seul à le secret. Du très bon à nouveau ici.


Le 1er disque se termine sur The Time Machine. Après une nouvelle intro calme typique du groupe, on entre dans un morceau mid-tempo, mais c'est surtout la rupture de rythme et d'ambiance à partir de 3 minutes qui retient l'attention et offre une belle dimension au titre. Bruce Dickinson brille une nouvelle fois par ses mélodies vocales.


Le 2ème disque s'ouvre sur la semi-ballade Darkest Hour, à nouveau composée par le duo Smith/Dickinson. Les deux comparses nous offrent véritablement les meilleurs moments de l'album. Ici l'ambiance se veut à nouveau très sombre, les mélodies de guitares d'Adrian sont superbes, et son solo est absolument magistral. Dave Murray n'est pas en reste non plus ici, même si sa partie nous rappelle aux bons souvenirs de Coming Home.


Nous voici donc au début du triptyque final composé dans son entièreté par le seul Steve Harris.
Death of The Celts, comme on pouvait s'y attendre au vu du titre, est presque une "suite" à The Clansman. L'intro est sensiblement identique, mélange de mélodie à la basse électro-acoustique et à la guitare, suivi d'une entrée du chant sur un rythme médiéval entrainant il faut le dire, mais avec un arrière-goût de déjà-entendu tout de même.
Malheureusement, le titre ne décolle jamais vraiment. Les parties s'enchainent sans véritable cohésion, certaines répétées de trop nombreuses fois, et au final sans qu'aucune ne marque jamais vraiment. Pour moi, on est en face du titre le plus faible de l'album.


The Parchment nous ramène à une ambiance antique, qui aurait pu se retrouver sur Powerslave. Comme beaucoup l'ont noté dans des critiques vues un peu partout, on croirait presque entendre une réorchestration du Boléro de Ravel version Heavy Metal !
Le morceau monte en puissance au fur et à mesure des changements de rythmes au cours de ses 12 minutes, qui auraient pu êtres raccourcies ici et là, mais ne boudons pas notre plaisir, la place centrale du morceau étant donnée aux instruments. Bruce revient à partir des 7 minutes pour redonner de l'allant au titre. Sa montée en puissance vocale force plus que jamais le respect, avant que le morceau n'entre dans un final épique. Je retrouve ici tout ce qui fait que j'adore Maiden !
Assurément la grande réussite de cet album.


Nous voici au bout du voyage avec Hell on Earth. A nouveau une intro lente qui nous met dans l'ambiance, avec une petite mélodie de guitare accompagnée par la basse de Steve Harris. L'intro s'étire sur quasiment 3 minutes, à nouveau c'est un un peu trop, avant de se lancer sur une rythmique épique, se rapprochant à nouveau d'un When the Wild Wind Blows, ou d'un The Red and the Black.
On tient assurément ici le morceau long de l'album qui sera joué lors de la tournée. Il contient tous les éléments qui permettront au public de sauter en rythme, en osmose avec le groupe.
Au bout de 7 minutes, le titre opère une pause en calmant le jeu, avant de réaccélérer sous l'impulsion de Bruce, qui nous montre à nouveau qu'il n'a rien perdu de sa puissance vocale.
On pourrait encore reprocher que le morceau s'étire un peu trop avec des parties qui se répètent à l'envie, avant que le morceau ne s'achève comme il a commencé, au fur et mesure que le son s'estompe.


Ce Senjutsu laisse un goût d'inachevé. Le duo Bruce Dickinson/Adrian Smith brille de milles feux, avec 3 compositions de grande qualité. On retrouve ici et là des idées nouvelles bienvenues, malheureusement qui manquent justement d'être exploitées jusqu'au bout.
Typiquement, la thématique nippone est quasiment inexistante, en dehors de très rares passages sur les 2 premiers titres, et c'est bien dommage tant il y avait matière à creuser dans ce domaine.
Du reste, Steve Harris est fidèle lui-même avec ses qualités et ses défauts, Nicko McBrain force l'admiration au vu de la qualité de son jeu alors qu'il approche les 70 ans. Dave Murray est en retrait, ne signant aucune composition sur l'album, et ses solos n'étant pas spécialement mémorables. Janick Gers, quant à lui continue de s'enfermer dans son jeu stéréotypé, et ne se renouvelle aucunement.


Au final on sent que l'album manque le coche d'être un excellent album . Il est malheureusement gâché par un mixage indigne, des morceaux qui auraient pu être raccourcis ici et là pour gagner en efficacité, et des idées qui auraient du être exploitées plus en profondeur.
Reste bien sûr le plaisir d'écouter de nouveaux titres d'un groupe qui perdure depuis 1975, et qu'on a hâte de retrouver en Live, et avec une certaine conviction qu'ils ont encore des choses à dire et à faire entendre dans le futur.

Landdwyn
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le 5 sept. 2021

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