Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Natural Information Society - Since Time Is Gravity (2023)

Voilà potentiellement un des albums qui pourrait devenir une des meilleures sorties de l’année, notamment pour ce qui concerne la musique improvisée et plus particulièrement pour la musique à base de « transe ». On connaît Joshua Abrams et l’utilisation qu’il fait du « guimbri », cette guitare à trois cordes, issue de la culture Gnawa, forgée dans une tradition très ancienne, ancrée au Maroc et au Nigéria.

Joshua Abrams déclare ne pas composer mais s’inscrire dans la continuité, saisissant l’air qui passe et le vent qui indique la direction, ainsi la musique est un continuum qui échappe à l’écriture et à l’élaboration, son évolution est continue et naturelle, juste un mouvement qu’il faut saisir et épouser. Ainsi naît la transe, entre tradition ancestrale, improvisation hypnotique et incantations tribales.

Joshua joue donc du guimbri, des notes répétitives et continuelles, indices du temps qui passe, se prolonge et se continue. Autour de lui un petit monde va s’organiser, Hamid Drake le premier jouant de la conga, des tablas et du Târ, Lisa Alvarado et son harmonium qui joue des drones et tisse des textures, Mikel Patrick Avery et son « drum kit », Joseph Berman et Ben Lamar gay qui jouent des cornets, Nick Mazarella et son saxophone alto, Jason Stein avec sa clarinette basse et Mai Sugimoto et sa flûte, sans compter l’invité d’honneur et son « featuring », Ari Brown lui-même au saxophone ténor, de la meilleure graine de Chicago ici rassemblée !

Puisque la musique ne fait que passer il pourrait sembler vain de vouloir la décrire, elle glisse, uniforme, à la façon de l’eau qui s’écoule avec sa force tranquille dans le fleuve, sans jamais sortir de son lit, épousant la voie séculaire, tracée depuis tant d’années, le temps renouvelant chacune des gouttelettes qui forment la masse sereine et voluptueuse de ce long ruban, qui s’en va frayer avec les eaux saumâtres, puis salées…

Ainsi la musique file ici, à la fois identique, riche de son identité, mais aussi fluctuante, sensible aux aléas, aux méandres, changeant de forme en épousant la courbe, contournant le rocher, escaladant l’obstacle, malléable et sereine. Sa force est sa souplesse, sa grâce tranquille, sa capacité à s’enrichir de ce que chacun apporte, de se nourrir de cette diversité tout en restant la même, quoiqu’il advienne…

L’écoute se doit donc d’être immersive afin d’en goûter, ainsi, le pouvoir hypnotique.

xeres
9
Écrit par

Créée

le 16 juil. 2023

Critique lue 14 fois

3 j'aime

2 commentaires

xeres

Écrit par

Critique lue 14 fois

3
2

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

24 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

23 j'aime

7