Par Pierre Evil

Il y a déjà plus de quinze ans, le premier album des OutKast débutait sur quelques notes de trompettes free, un frémissement de batterie et de cymbales, et un petit clavier spatial : deux doigts de space-jazz, là où les grands albums de l'époque préféraient la facilité d'un skit rigolo ou d'un assortiment de samples ultra-référencés. Et en moins d'une minute on avait déjà compris que Big Boi et Dré (qui n'était pas encore Andre 3000) ne pratiqueraient pas leur art comme n'importe quel Master P : des outkasts, oui. Qui, depuis, et sans jamais quitter les plus hautes eaux des charts US, n'ont cessé de justifier les promesses de leur nom. Carrière impeccable, jusqu'à un dernier album absolument sous-estimé, Idlewild, l'un des rares disques des années 2000 à pouvoir rivaliser en diversité et en funkyness avec les albums du Prince psychédélique des années 1980 (y compris dans ce fait que lui était associé un mauvais film dont le disque était plus ou moins la bande-originale).

Mais pour la plupart des gens, le visage d'OutKast, c'est d'abord celui d'Andre 3000, le maverick, le lover (below), le clown aux pantalons à carreaux, personnage de cartoon pour les enfants et pseudo-revivaliste sixties le temps d'un tube planétaire en forme de malentendu, Hey Ya. Malentendu car, lorsqu'on réécoute aujourd'hui les deux disques qui formèrent le cinquième album du groupe, Speakerboxx / The Love below, on ne peut qu'être frappé par la solidité du premier, crédité à Big Boi, face à un Love below incapable de tenir sur la longueur l'évidence monstrueuse de Hey ya.

Et, alors que l'on attend toujours l'album solo d'Andre 3000, Big Boi confirme sa maîtrise insensée du game avec le sien, bizarrement titré Sir Lucious left foot / The Son of Chico Dusty et annoncé l'année dernière par un duo de gros bras avec le hustler monocorde Gucci Mane, Shine blockas, qui a figuré dans la plupart des best-of de 2009. Le logo dans lequel cet outkast-là a choisi d'encapsuler son nom sur la pochette de son disque à lui est une citation directe de celui de son groupe : un blason couronné façon cartoon, purple et serti de diamants Photoshop selon le style ATLien du personnage. Et l'on retrouve de fait dans ces 15 titres tout ce qu'on apprécie depuis 15 ans dans les albums du duo : leur musicalité, leurs basses, leurs mélodies, la décontraction tranquille de cette southernplayacadillacmuzik, l'élasticité parfaite de leur FUNK approuvé par la maison-mère (comme sur Aquemini, George Clinton est de la partie sur un morceau). (...)

Lire la suite sur : http://www.chronicart.com/musique/big-boi-sir-lucious-left-foot-the-son-of-chico-dusty/
Chro
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Chro : Top 10 musique 2010

Créée

le 16 avr. 2014

Critique lue 246 fois

2 j'aime

Chro

Écrit par

Critique lue 246 fois

2

D'autres avis sur Sir Lucious Left Foot... The Son of Chico Dusty

Sir Lucious Left Foot... The Son of Chico Dusty
Chro
10

Critique de Sir Lucious Left Foot... The Son of Chico Dusty par Chro

Par Pierre Evil Il y a déjà plus de quinze ans, le premier album des OutKast débutait sur quelques notes de trompettes free, un frémissement de batterie et de cymbales, et un petit clavier spatial :...

Par

le 16 avr. 2014

2 j'aime

Sir Lucious Left Foot... The Son of Chico Dusty
matic
9

Critique de Sir Lucious Left Foot... The Son of Chico Dusty par matic

En 2008 on se frottait tous les mains à l’écoute du single prometteur ‘Royal Flush’ (feat. André 3000 & Raekwon) qui annonçait l’album solo de Big Boi et puis un clip plus tard pour le morceau...

le 5 mai 2013

1 j'aime

Du même critique

Les Sims 4
Chro
4

Triste régression

Par Yann François « Sacrifice » (« sacrilège » diraient certains) pourrait qualifier la première impression devant ces Sims 4. Après un troisième épisode gouverné par le fantasme du monde ouvert et...

Par

le 10 sept. 2014

42 j'aime

8

Il est de retour
Chro
5

Hitler découvre la modernité.

Par Ludovic Barbiéri A l’unanimité, le jury du grand prix de la meilleure couverture, composé de designers chevronnés, d’une poignée de lecteurs imaginaires et de l’auteur de ces lignes, décerne sa...

Par

le 10 juin 2014

42 j'aime

Broad City
Chro
10

Girls sous crack.

Par Nicolas Laquerrière Girls sous crack. Voilà la meilleure façon de décrire Broad City, dernière née de Comedy Central (l'historique South Park, l'excellente Workaholics, etc), relatant les...

Par

le 4 août 2014

30 j'aime

1