John Zorn – Six Litanies For Heliogabalus – (2007)
« Six Litanies for Heliogabalus » est le troisième volume de la série des Moonchild, il succède à « Astronome » et grimpe encore une marche, il faut dire qu’il y a un peu de chamboulement. Les trois historiques sont là, Mike Patton au chant, Trevor Dunn à la basse et Joey Baron à la batterie. Hardcore garanti, folie également, ainsi que dépassement des conventions et des limites, mais voilà…
Zorn ne se contente plus de composer, arranger et diriger, il récupère son sax alto et entre dans l’arène, il fait appel également à Jaimie Saft à l’orgue, Ikue Mori à l’électro, et surtout à un chœur composé de Martha Cluver, Abby Fischer et Kirsten Sollek. Alors forcément, la soupe s’épaissit !
Six pièces se succèdent en trois quarts d’heure, et, d’évidence, l’apport nouveau modifie la mixture, ainsi l’orgue de Jaimie Saft se fait-il une place aisément dans les pièces, en ajoutant une masse sonore qui comble les espaces, Ikue Mori est moins décisive, mais les chœurs sont fondamentaux et ajoutent une nouvelle couleur qui pourra plaire, ainsi que John Zorn qui flamboie sur « Litany V ».
Mais le plus étrange c’est « Litany IV », un solo de Mike Patton très cru du cru, c’est un peut spèce, dans le genre qu’on connaît, c’est-à-dire sans limite aucune, comme on le connaît, comme on l’aime… Vas-y mon gars, alors il y va, à fond, hors contrôle et sans retenue.
Mais il y a également des passages calmes, doux, qui plairont certainement, d’autant que le plus souvent ils seront hachés menus par une arrivée stridente qui vous fera sursauter, Zorn aime bien ça, vous foutre les chocottes, c’est un grand gosse ! Il y a même des accents « pompiers » ou même liturgiques, comme sur la dernière pièce où l’on se croirait à la messe…
Il y a également ce côté lugubre qui va et vient dans l’album, se révélant en même temps que les chœurs susurrent, avec des accents à la Cradle of Filth et les facilités qui vont avec… Mais la patte Zorn c’est avant tout la science unique de la rupture, du demi-tour et du changement brutal en trois millisecondes, là il est imbattable !
Pour la petite histoire, Heliogabalus est un jeune empereur romain qui régna entre trente-sept et quarante et un, à l’âge de quatorze ans, il laissa une longue trace sanguinaire qui rappelle les controversés Néron ou Caligula.
Les Moonchild sont dédicacés à Antonin Artaud, Edgar Varèse et Aleister Crowley. Figure à l’intérieur du volet du Cd, cette phrase d’Antonin Artaud : « Je vois Héliogabale non pas comme un fou mais comme un rebelle. » Brrr…