La vie terne et amère d'un jeune de banlieue
Un retour gagnant après deux excellents projets : Nuits Blanches Pour des Idées Noires, et Mon Prisme.
Ce qui est frappant à la première écoute de Soleil d'Hiver, c’est que Georgio a les allures d’une rock star, il le revendique d’ailleurs sur la première piste « Où est mon Dieu » : « Je mène une vie de rock star alors que j’ai pas un biff en poche. » Ce morceau montre un Georgio se posant des questions au sujet de sa foi, il parle aussi de son état d'âme. On retrouve cette idée de rock star dans « Sex, Drug & Rock’n’Roll », la quatrième piste de Soleil D’Hiver en featuring avec Vald, Alpha Wann et Lomepal (Qui avait déjà travaillé avec Lo’ pour le projet Le Singe Fume sa Cigarette).
Tout au long de ce projet, on déguste le flow et la plume amère, charismatique et douloureuse de Georgio qui me rappelle celle de Hugo TSR. En terme de productions, on connait DJ Lo’ : Elles sont toutes de qualités, je retiens surtout « A l’ombre du Zénith » qui mélange punchlines acerbes et couplets nostalgiques. Nostlagie qu’on retrouve dans « Chaque Jour » où Georgio évoque son enfance, sa mère, le temps qui passe…
Pour les collaborations, on a aussi Koma de la Scred Connexion et C. Sen sur le titre « Paris North Face » : Un clin d'oeil à Paris Nord, ou plus précisément le 18e arrondissement, « Où il ne faut pas être claustro’. » C’est une sorte d’hommage à la ville accompagnée d’un refrain accrocheur : « On habite le XVIIIème et ses rues cosmopolites / Ici c'est Paris Nord où faut pas être clostro / Du métro aérien à la porte de la chapelle / Tu passes de l'Indes à l'Afrique / C'est la magie de Parie XVIIIème. »
Georgio se compare à Hassan Sabbah sur la cinquième piste du même nom. Hassan ibn al-Sabbah ou Hassan I-Sabbah était le principal fondateur Ismaélien de l’état d’Alamût et l’initiateur d’une nouvelle prédication (al-da ‘wa al-jadîda). Il a étudié le chiisme ismaélien afin d’acquérir des connaissances religieuses au Caire, à Dar al-Hikma, « la maison de la sagesse ». On comprend surtout cette comparaison car Hassan Sabbah était surnommé « L’étudiant balaffré » : « Le spleen, les galères, les amendes qui s'entassent / Avec mes emmerdes j'pensais qu'à dormir en classe / La tise, les malheurs, les salaires qui rendent barges / Ouais j'suis comme Hassan Sabbah sale bâtard. »
Mention spécial à « Saleté de Rap », un morceau qui a été clipé juste avant la sortie du projet. Pour finir ce superbe EP, « Soleil D’Hiver (Pour Les Miens) » nous pose la cerise sur la gâteau : De la technique, un texte extrêmement riche mais également un don de l’interprétation qui se ressent dans les paroles. En ce qui concerne la mélodie, DJ Lo’ a surtout voulu appuyer l’idée de crescendo, d’intensité qui reflète les blessures de Georgio…
Voilà un EP très expressif, qui mêle nostalgie, amertume et mélancolie, là où Georgio s’en prend souvent à son salaire en pensant à sa jeunesse et ses déboires.
Lyrics : 4/5
Beats 4/5
Flow : 4/5
Thèmes : 3/5
Construction : 3,5/5
Homogénéité : 3/5
