besoin d'azur, de grand large et d'air pur

Ceux qui sont déjà familiers du travail d'Ólafur Arnalds ne seront guère dépaysés à l'écoute de ce nouvel opus. some kind of peace s'inscrit sans surprise dans la lignée de l’œuvre du compositeur islandais, faite de minimalisme, de mélancolie et de lumière tamisée.


some kind of peace, d'ailleurs, arrêtons-nous une seconde sur le titre. Pas de majuscule, pour souligner la modestie du projet, sa discrétion ?
C'est un choix de l'artiste, cela doit donc avoir un sens - et, après une première écoute, c'est ce que je crois y trouver : une volonté d'effacement derrière la quête d'apaisement, une recherche de plénitude où aucune note ne doit voler plus haut que les autres, à la manière des majuscules qui prennent de haut les minuscules.


Bon, j'en fais peut-être un peu trop, mais j'aime bien me prendre la tête sur les détails, à l'occasion :)


Bref, on retrouve donc dans ce nouvel album les ingrédients de la recette Ólafur Arnalds : un piano prédominant (préparé ou programmé en plusieurs couches séquentielles, selon la technique qu'il a développée et largement employée dans son précédent, Re:member), des cordes étouffées - souvent réduites en quartet, la formation préférée d'Arnalds -, des nappes synthétiques vaporeuses, de rares lignes percussives, et quelques voix rêveuses qui surgissent de temps à autre.


Les chansons ("Back to the Sky", "The Bottom Line") figurent du reste pour moi parmi les titres les plus faibles de l'album. La première est une pâle copie de ses tentatives précédentes dans la composition chantée, la deuxième est molle et transparente.


En revanche, "Loom" est une superbe ouverture, avec un joli travail vers la fin sur des voix samplées. En clôture, "Undone" lui répond par une jolie montée en puissance bien dans le style d'Arnalds, délicate et irrésistiblement touchante.


Ólafur Arnalds a cette capacité à faire surgir des émotions fragiles du plus profond de soi, que seule une sincérité pleine et entière du compositeur peut éveiller chez l'auditeur, surtout quand cela se reproduit à chaque fois ou presque.


Pour le reste, je fais de "Spiral" mon préféré de l'album. Là encore, du Ólafur Arnalds classique, mais auquel je suis incapable d'opposer la moindre résistance.
Même chose, avec moins d'intensité néanmoins, avec le très discret "We Contain Multitudes", ou le délicieux empilement de pianos de "New Grass" - beaucoup moins fort que celui de "Ekki Hugsa" dans Re:member, mais efficace tout de même.


some kind of peace est un bonbon de douceur et de quiétude, bienvenu en ces temps perturbés. Ólafur Arnalds ne s'y réinvente pas, certes, mais tant qu'il réussit à nous toucher, a-t-on le droit de le lui reprocher ?

ElliottSyndrome
7
Écrit par

Créée

le 7 nov. 2020

Critique lue 168 fois

4 j'aime

ElliottSyndrome

Écrit par

Critique lue 168 fois

4

Du même critique

Un jour ce sera vide
ElliottSyndrome
6

Du trop-plein pour conjurer le vide

Pour développer ce genre d'histoire, il y a plusieurs moyens. Soit on raconte ses propres souvenirs d'enfance et, à moins d'avoir vécu quelque chose d'absolument exceptionnel qui justifie un...

le 24 août 2020

15 j'aime

3

Le Passager
ElliottSyndrome
6

Au bord de la route

(Critique provisoire, en attente de plus de temps pour faire mieux)J'ai été si déconcerté par ce roman que j'ai oublié dans un premier temps de l'ajouter à ma liste de lectures de l'année, presque...

le 16 mars 2023

10 j'aime

5