Annie Clark attaque 2014 en frontal en sortant pour quatrième album son éponyme. Ecrit juste après sa tournée avec David Byrne pour Loving The Giant, St Vincent porte les traces de cette collaboration. L’ouverture avec “Rattlesnake” donne un bel aperçu des nouveautés : ces sonorités groovy, un chant qui ne sait pas rester en place, le crissement des guitares et des rythmiques électros galopantes. L’histoire racontée par ce morceau est déjà connue de bien des papiers. La miss en villégiature dans le Texas s’est sentie en communion avec la nature dans un champ situé non loin de la maison que ses amis lui ont prêté. Sans personne, elle décide de se mettre à poil pour ne faire qu’un avec le soleil. Une fois nue comme un ver, elle croise la route… d’un serpent. S’ensuit une course effrénée de quelques kilomètres pour fuir la bête. En rentrant, notre maître de cérémonie s’est calé des shots de vodkas et a écrit le titre qui sert d’intro. L’enchaînement avec “Birth In Reverse”, déjà un des morceaux de l’année, est des plus catchys.

Trompeur pour la suite de la tracklist, également très bonne mais pas aussi rentre-dedans. Elle ne s’est pas contenté d’apppliquer cette recette de funk bordélique et lyrique sur 11 morceaux, au risque de s’éparpiller. Pour être honnête, “I Prefer Your Love” nous évoque fortement la Madonna des nineties, “Psychopath” sent la guimauve sur le refrain et “Regret” et son faux rythme nous fatigue. Mais même dans ses morceaux les plus faibles, St Vincent a toujours un pont cool ou un son tordu à réécouter qui pousse à ne pas zapper. Dans ce registre, “Huey Newton” est un bel exemple et c’est ce qui rend cet album si addictif et différent du reste de sa discographie. Tout comme les petits cuivres sur “Digital Witness” vous trotteront dans la tête.

Dans le game des dames “toutes seules”, St Vincent a gagné notre coeur et de loin. Chtarbé et perchée, elle l’est. En atteste ses apartés en concerts où elle partage entre les morceaux ses pensées du quotidien au public. Sans queue, ni tête comme un “Avez-vous déjà imaginé vos voisins dans le métro en couche ?” Un soir de février à la Cigale auquel on a pu assister et on vous invite fortement à ne pas la rater. Les morceaux prennent une autre dimension, la voix est impeccable, et bordel que la dame est charismatique. Jeu de gratte, sens du spectacle et sympathie, elle est déroutante et toute la salle est sous le charme. Preuve qu’on peut être sexy sans aguicher, jouer de la guitare en la faisant sonner et sans prendre la pose vainement. Pour autant, si vous n’aimiez pas "Strange Mercy", il serait étonnant que la donne change ici. A bientôt 32 ans, elle attise encore plus notre curiosité à chaque album en passant cette fois de l’indie rock à une pop chaloupée. Un peu comme TV on The Radio à une époque, cet album arrive à marier une certaine idée de la pop mainstream avec des bruits chelous indéfinissables que seul une danse de Saint Guy sur votre bureau saura calmer. Grand bien nous fasse.
Lopocomar
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le 26 sept. 2014

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