The Miles Davis Quintet – Steamin' With The Miles Davis Quintet – (1961)
Voici l’ultime album de cette quadrilogie extraordinaire, issue des fameuses sessions de cinquante-six, avec un quintet tout à fait exceptionnel, Miles Davis à la trompette, Red Garland au piano, John Coltrane au sax ténor et Philly Joe Jones à la batterie. Ici on aligne ce qui reste, et c’est toujours aussi bon !
Ce qu’il faut souligner et que n’ai fait qu’évoquer jusqu’alors, c’est le délabrement causé par les drogues, ou même l’alcool, sur quatre des cinq musiciens, le seul qui reste clean c’est Miles, qui s’est débarrassé de ce fardeau dès cinquante-quatre. Il est important d’en parler, car c’est là que se trouve les causes de la séparation de ce fabuleux quintet qui aurait pu faire encore rêver s’il n’y avait eu ces addictions.
Les pires sont Philly Joe Jones et Coltrane, qui avaient parfois du mal à se bouger, complètement « stone » et souvent endormis, en retard, ce qui avait le don d’énerver Miles qui ne ménageait pas les susceptibilités. Miles se plaindra du manque d’hygiène de ses collaborateurs et de la propension qu’ils avaient à « piquer du nez », toujours à réclamer une rallonge financière et parfois même absents, alors qu’ils auraient dû jouer…
Maintenant que l’on a compris pourquoi l’affaire ne dura pas, il faut examiner « Steamin’ », qui ne manque pas de qualités. Paru avec le décalage habituel, il ne sortira qu’en soixante et un, ce qui ne l’avantage pas forcément, concurrencé par « Olé » ou « Africa/Brass » déjà passés à la musique modale.
Le répertoire est entièrement constitué de reprises, mais elles sont toutes brillamment réussies. Ces titres sont des fondamentaux propices à éveiller les échanges entre les musiciens et particulièrement efficaces pour faire briller les meilleurs, car ces pièces archiconnues sont souvent jouées en live et autorisent chacun des musiciens à montrer ses qualités, comme le fait Philly Joe Jones sur le fameux « Salt Peanuts » de Dizzy Gillespie.
Il faut remarquer l’absence de Coltrane sur deux pièces, à nouveau des ballades, où Miles Performe, il s’agit de « Something I Dreamed Last Night » et la dernière pièce de l’album, « When I Fall In Love », toutes les deux sont brillantes et propices à magnifier le jeu de Miles, si plein d’éclats et de pureté.
« Diane » joué mid tempo est à nouveau cannibalisé par Miles qui transcende le titre, pas de doute, ce gars n’est pas banal, et il y en a peu, des comme lui, ce qui n’empêche pas Coltrane de jouer sa partie avec personnalité et cœur, apportant sa « patte » et son savoir-faire, avant le solo de piano.
La cinquième pièce est de Monk, le facétieux « Well, You Needn't » qui est interprété magnifiquement, n’hésitant pas à mêler la voix de Miles avec celle de Trane, lors de l’exposition du thème, c’est brillant et inattendu et ressemble à une performance, après l’explosif « Salt Peanuts » les deux pièces up tempo éblouissent !
Quatre pièces majeures de l’histoire du jazz qui s’ajoutent aux nombreuses albums « Prestige » qui pourraient rivaliser avec les plus beaux « Blue Note » de la fin des années cinquante.