Synesthesia
6.5
Synesthesia

Album de Odious Mortem (2020)

Treize ans ! Treize PUTAINS (pardon) d'années pour avoir un successeur à l'excellent Cryptic Implosion. Le fans de Tool ne manqueront pas de rappeler que eux aussi ont été forcés d'attendre treize ans, car ils ne peuvent pas s'empêcher de tout ramener à leur groupe favoris. Typique des progueux, que voulez-vous.


Avec une sortie prévue initialement en 2017, ce nouvel Odious Mortem aura trainé un moment dans les limbes. N'ayant pas plus de détails sur les raisons de ce retard, nous ne pouvons que spéculer : problèmes de santé, d'emploi du temps, perfectionnisme ? D'autant plus que l'enregistrement aurait débuté en Mars 2015... Synesthesia est-il le renouveau du Tech Death, le nouveau mètre étalon du genre pour toute cette décennie ? Spoiler : non.


Car on pige très rapidement que ce troisième album des Californiens est surtout un gros revival de la scène durant les années 90. En témoigne avant tout la production très old-school, avec beaucoup de médiums et très peu de compression. A des kilomètres donc des mix contemporains où la dynamique est nettement plus écrasée et la stéréo plus large. Le premier contact peut être assez difficile, puisqu'on a l'impression de revenir en arrière par rapport à Cryptic Implosion. Ce choix de son peut sembler curieux mais il est en parfaite adéquation avec la musique.


Ce que Odious Mortem fait sur Synesthesia, c'est un hommage. Aux débuts de Suffocation et aux débuts Decrepit Birth évidemment. Alors que la scène Revival Swedeath se porte à merveille, et qu'on trouve nombre de projets affiliés à la scène Floridienne d'il y a 30 ans (Gruesome en tête, bien qu'on soit à mon sens plus proche du plagiat que de l'hommage), le Tech Death n'était sans doute pas un sous-genre assez âgé ni assez codifié pour mériter le même traitement. Jusqu'à aujourd'hui. Car bien du chemin a été parcouru entre depuis Piece Of Time des pionniers Atheist...


Et il est clair que si Synesthesia était apparu vingt ans auparavant, la claque aurait été monumentale. Les riffs sont rapides, accrocheurs et l'écriture en ternaire assez récurrente apporte un groove non négligeable à la musique d'Odious Mortem. Le growl profond d'Anthony Trapani s'insère parfaitement entre les guitares qui s'égarent constamment dans des leads maîtrisés. Le jeu de batterie tentaculaire de KC Howard rend le tout plus explosif encore, en particulier grâce à ses cymbales.


Le savoir-faire des musiciens est là. Je soupçonne la bande d'avoir poussé le vice du délire old-school jusqu'à garder les pistes brutes, sans editing, du moins pour les guitares. Quelques légers décalages s'insèrent ici et là, rendant Synesthesia plus authentique et vivant. Et d'autant plus impressionnant. Mais on réalise très vite que hormis l'intro « Becker-ienne » sur Synchronicity, Odious Mortem ne surprend jamais avec ce disque. C'est du déjà entendu, et bien que l'on sente tous les efforts du groupe pour ne pas nous donner ce que l'on connaît déjà, Synesthesia ne possède pas cette étincelle de génie, ce souffle divin qui le rendrait indispensable.


Cela ne retire en rien ses qualités à cet album : un excellent niveau de composition, une production osée mais pertinente, et un niveau de jeu ahurissant. Malgré tout, ce n'est pas assez. Synesthesia fera passer un bon moment aux amateurs, un petit îlot de fraîcheur au milieu de toutes ces sorties Tech Death Moderne interchangeables.


Chronique écrite pour le webzine Metalorgie disponible à cette adresse : https://www.metalorgie.com/groupe/Odious-Mortem

Holy_Rillettes
6
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le 25 mai 2020

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