Depuis combien de temps n’ai-je pas été enthousiasmé, vraiment emballé par un album de Neil Young ? J’y ai réfléchi et je n’ai pas trouvé de réponse, il faudrait que je reprenne sa discographie des 10/15/20 dernières années…Peut-être « Prairie Wind » ? Oh, j’écoute chaque nouvel album de Neil et j’ai toujours quelques morceaux à sauver, au moins un, mais soyons honnête, j’ai écouté ces albums une fois et je ne pense pas y être revenu avant de les ranger sur mon étagère « Neilyoungesque » les officiels à côté des masses de non officiels. Le revoilà avec sa livraison presque annuelle en 2025 et il parle aux arbres maintenant Neil ?! On sait son engagement en faveur de l’environnement depuis longtemps maintenant, ces 10 nouvelles chansons, produites par Rick Rubin et enregistrées face au Pacifique, semblent faire le point sur sa vie alors qu’il approche des 80 ans (en novembre prochain). Arrivé à ce point de son existence, on sait que son temps est compté mais le Loner ne semble pas prêt à raccrocher les gants tout de suite. Cet album est aussi le premier enregistré avec sa nouvelle formation, The Chrome Hearts, constitué de trois membres de Promise of the Real (à la guitare, à la basse et à la batterie), dont Micah Nelson (fils de Willie) ainsi que du grand pianiste Spooner Oldham, vétéran des studios (d’Aretha Franklin à Bob Dylan, en passant par JJ Cale), au service intermittent de Young depuis l’album « Comes a Time », en 1978. Il oscille entre ode à la famille (« Family Time »), les beautés de l’Amérique dans « Silver eagle », comme les plaisirs simples de la vie. Il fait aussi plus que des clins d’œil au passé comme dans «First Fire of Winter » et sa suite d’accords plaquée sur « Helpless ».
Sur « Let’s Roll Again », Neil Young emprunte la mélodie de « This Land is Your Land » de Woody Guthrie sur un texte qui dénonce Elon Musk et traite les utilisateurs de véhicules Tesla de fascistes. « Big Change » se charge un peu plus d’électricité anti-Trump, on pourrait penser cette chanson comme une suite (un cran en-dessous) à son « Rockin’ in a free world » de 1989. Mais l’album est loin d’être le simple brûlot politique auquel on aurait pu s’attendre vu ses échanges avec l’actuel locataire de la Maison Blanche. Neil n’est jamais là où on l’attend, il aurait pu aller à la facilité avec un album très électrique et gueulard ; il n’en a rien été. Il n’a en tout cas pas mâché ses mots contre Trump et son administration dans ses déclarations en défendant Springsteen, invitant même le président à venir à un de ses concerts !!! Cela dit, ça pourrait être amusant 😄. Sur le final « Thankful », on sent comme un au revoir touchant. L’album sort deux jours seulement après la mort de Brian Wilson, génie créatif du groupe californien et grande influence pour Young qu’on peut percevoir dans « Bottle of love ». Les derniers géants d’une génération entre McCartney et Dylan, qui a marqué l’histoire de la musique populaire à travers tant de grandes chansons. Rien d’innovant ni d’inoubliable dans cet album, pas sûr que je le réécoute plusieurs fois mais on l’apprécie comme un pote qu’on retrouve à intervalles réguliers, sachant encore écrire de bonnes chansons. Sûr que le Loner ne devrait pas épargner le dirigeant états-unien lors de sa tournée estivale qui va passer par Paris le 13 juillet. Espérons que ça ne soit pas la dernière occasion de saluer un artiste d’exception.