Au moment où sort en France son premier album, Larrikin love n’existe déjà plus. A se demander comment un groupe, coqueluche annoncée du public anglais – autant dire européen, peut s’arrêter alors que s’ouvrent devant lui les portes de la renommée. Emettons quelques hypothèses, cela ne coûte rien et puis autant rigoler ; après tout Larrikin Love est… pardon, était un groupe qui ne voulait pas engendrer la mélancolie. Amis de Pete Doherty, peut-être en ont-ils eu marre de fréquenter la rockstar à chapeaux, se sentant mal à l’aise à l’idée de saccager des chambres d’hotel ? Plus éclairant, sans doute, Ed Larrikin a peut-être vu un reportage détaillé sur la scène festive hexagonale, de Soldat Louis à Matamatah en passant par Marcel et son Orchestre, lui ouvrant enfin les yeux : la musique de son groupe chéri ressemblait plus à ces groupes qu’à toutes les références qu’ils avaient voulu atteindre ? Les Clash sont loin (Meet me buy the getaway car et son solo de "fête de la Musique").
Les Pogues aussi (At the feet of Ré plus écoutable). Fort d’un violon "allez on va guincher" et d’une rythmique de goret, la musique de Larrikin Love devenait la parfaite musique d’accompagnement d’une fête foraine, entre la baraque à frites et les auto-tamponneuses. Cruelle réalité qui sautait aux yeux de son créateur et qui en aurait fait splitter plus d’un. Le guitariste lui aussi avait sa révélation : jouer comme Johnny Marr n’est pas donné à tout le monde et ressembler aux Smiths un privilège qui n’est pas prévu pour les tacherons. Six queens a le goût et la couleur des Smiths mais a soldé la grâce au profit de la vulgarité. L’écoute et la comparaison avec Hatful of Hollow a été donc fatale à Larrikin Love qui s’est en partie consolé avec Well, love does furnish of life, Forever untitled plus proches du modèle Smiths-ien, le gaz hilarant en plus. Comme une compensation, légère, pour ne pas aller se jeter sous un train. Une chose est sûre en tout cas, Larrikin Love n’est plus. Qui s’en plaindra ?