Pour quoi faire ?

Est-ce que quelqu’un peut dire à SCH ou Squeezie que ce n’était pas obligé de faire un album ? Passons sur le GP Explorer en tant que tel, qui me laisse absolument indifférent. Mais si on fait appel à un des plus grands artistes français des 10 dernières années pour être le DA d’un album avec un tel casting, on se dit qu’il y a un vrai projet artistique derrière. Ça ne peut pas être juste une immense opération marketing, si ? Sauf que si. Passons sur la pochette médiocre et le choix de single raté (Gims et SCH ont rarement été aussi ennuyeux que sur le son en question). Sur le reste de l’album, il n’y a que des problèmes ou presque.

Un séquencing et une ambition de pseudo cohérence absolument désastreux tout d’abord. On passe du coq (malade) à l’âne (boiteux), on ne sait jamais si on est censés s’ambiancer en boîte de nuit ou être fan de grosse cylindrée pour trouver un quelconque intérêt d’un morceau à l’autre. Les prods sont quasiment toutes oubliables, voire parfois franchement cheap. Et le fait que tous les artistes ou presque aient jugé de bon goût de faire un morceau à thème sur une bagnole… Pas une personne des équipes de tous ces gens talentueux (pour la plupart) n’a pensé à leur dire que ce n’était pas l’idée du siècle ? C’est invraisemblable ; et au bout de quelques minutes, quand on entend Clara Luciani se lamenter sur « la voituuuure », on se dit que ça va être long.

Et tout ce cocktail donne un produit qui est dans le meilleur des cas complètement oubliable et que je ne relancerai jamais, et dans le pire franchement cataclysmique. Le Clara Luciani x Yamê est abyssal musicalement, le Charlotte Cardin x SCH caricatural de médiocrité, le son d’Anyme parodique (« les Latinas c’est toute la nuit » ; va mourir mon grand)… Et deux mentions spéciales dans la nullité : Adèle Castillon x Zamdane, où j’ai alterné entre désespoir et frissons de malaise, et le clou d’un spectacle dont je me serais passé, Dinos qui fait des fast-flows moisis sur du bouyon… Au secours.

J’ai pris le temps d’écrire ce petit texte plein de fiel puisque, si je n’attendais pas le disque de la décennie, j’ai en revanche un relatif respect pour les capacités artistiques de la grande majorité des invités, et aucune haine de principe contre Squeezie dont je consomme la plupart du contenu encore aujourd’hui. Mais quel terrible ratage… Je finis sur les rares points positifs, parce qu’il ne faut pas être complètement de mauvaise foi : le son de Theodora est passable (mais moins bien que tout ce qu’elle a fait sur ses projets), les couplets d’ElGrandeToto très bons tous les deux, le morceau de Theodort inoffensif mais pas désagréable dans les oreilles, et le passage de Kekra plutôt bon aussi, surtout au regard du reste. Une vraie éclaircie (bien trop tardive) enfin : le soi-disant son « bonus » (ça veut dire qu’ils ont envisagé de ne pas le mettre ??), où tout le monde est au niveau et la prod est une des seules à être chouette. Un morceau correct, qui me fait me dire qu’il aurait été largement suffisant, en le clippant, pour promouvoir l’événement et rappeler que SCH en faisait partie sans nous faire subir 46 minutes de déplaisir. Julien, je t’attends au tournant sur la suite.