L’album le mieux rappé de tous les temps?

Un an après son premier album chez Aftermath et six mois après avoir écrasé tous les artistes de l’album 2001 de Dr Dre, Eminem sort un nouvel album et surclasse toute la concurrence de l’époque. J’ai en effet rarement entendu un rappeur aussi à l’aise au micro. Dès le premier morceau KILL YOU, c’est extraordinaire et c’est là qu’il devient un ovni total en s’adaptant à des productions complètement loufoques et compliquées à dompter. Certainement que Dre la grandement aiguillé pour qu’il parvienne dès ce deuxième disque à conserver sa technique, à la peaufiner même évidemment, mais en la mettant au service d’un rap beaucoup plus grand public. C’est l’équilibre parfait comme avec Snoop Dogg et plus tard Kendrick Lamar. Il garde tout de même son côté rue dans des morceaux comme THE WAY I AM ou AMITYVILLE. Ses performances sont totalement délirantes. Entre les changements de voix, toutes les fois où il casse son flow sans jamais perdre le fil, il est imprévisible à souhait. Il est au top du MCing et pourtant, cela parait si facile. On sent qu’il s’éclate et c’est là où sa technique est la plus belle.

Au niveau de la production, Dr Dre est bien plus présent et va adapter génialement le son 2001 pour Eminem, lui permettant librement de s’exprimer. J’ai quelques lueurs d’un album californien grâce à des REMEMBER ME ou THE REAL SLIM SHADY, qui est d’ailleurs un single incroyable, la version améliorée de MY NAME IS. Et l’impression en écoutant les morceaux que les deux se challengent. « Ah Andre tu rajoutes un violon, alors je vais kicker encore plus ». Leur alchimie est quasiment à son paroxysme. Lorsque c’est Eminem qui produit, on sent tout de même un décalage mais sans que ça fasse tache non plus parce que le projet est mixé à la perfection. C’est le début des sonorités rock qui étaient, à l’époque, super bien digérées dans des morceaux hip-hop. Sans parler des interprétations de Shady qui est à son prime. Il est possédé sur beaucoup de titres, nous fait passer par toutes les émotions jusqu’à atteindre son pic sur KIM.

Dans ses lyrics, il va encore plus loin dans la provoc’ et le choquant. Il enchaîne les images torturées en donnant l’impression qu’il ne respire jamais et pousse le divertissement au maximum. C’est assez satirique et drôle et c’est génial cette manière de tourner en dérision toutes les critiques qu’il a reçues tout en y répondant. Il force même sur ce qui lui était reproché. Il aborde également son statut de superstar très souvent notamment dans MARSHALL MATHERS, qui aura droit à une sorte de suite dans THE EMINEM SHOW à travers le morceau SAY GOODBYE HOLLYWOOD. Mais aussi dans le chef d’œuvre STAN qui est certainement son meilleur clip. C’est un film qui dénonce à quel point les fanatiques peuvent perdre la raison et le titre est un tel choc que le mot Stan entrera dans le dictionnaire américain. C’est donc le vrai début de son Prime en solo. Les tabloïds, l’impact, la production, l’image, les concerts, les récompenses, les collaborations, la technique de ses performances vocales et les hit, il réunit tout à ce moment-là, tous les yeux seront rivés vers lui jusqu’à la période de 8 Mile je dirais avant de s’occuper de 50 Cent.C’est son meilleur album et c’est un peu THE SLIM SHADY LP 2 mais où tout est amélioré. Le main single est dans le même style mais en mieux, il polit ses flow et devient encore plus dingue, les featuring sont magnifiques et il atteint une immense confiance dans sa voix qu’il accentuera encore plus après. Un premier chef d’œuvre et la deuxième étape du marathon est lancée.

Punchline préférée: I'm tryna develop these pictures of the Devil to sell 'em.

Top 3: Kill you, I’m back, Remember me.