Mike Oldfield se prend-il (trop) au sérieux ? C’est la question posée en 1974 lorsque David Bedford, son comparse aux arrangements et talentueux compositeur avant-gardiste à ses heures (The Rime of the Ancient Mariner en 1975) prend en charge l’adaptation orchestrale du désormais mythique (et séminal) album Tubular Bells. À cette époque, le guitariste touche le fond de ses angoisses qu’il avait vainement tenté d’exorciser avec le faussement serein Hergest Ridge, avant de se plonger illico dans le sculptural Ommadawn. Notre ami est alors un dépressif taille XXL. Au-delà de cette situation pour le moins compliquée, la réussite de l’entreprise tenait donc avant tout dans la qualité d’écriture du projet original.


Or, si l’interprétation symphonique occulte nombre de parties fantasques, pour ne pas dire déglinguées du plafond, de l’interprétation originale, les thèmes arrondis conservent une intensité pouvant tout à fait s’adapter à des plaisirs certes différents mais bien réels. Surtout, l’auditeur prendra ici pleinement conscience de la structure de l’œuvre, orientée sans forcer vers un classique romantique dans la veine de Ravel et Sibelius . Ce dernier étant un référence absolue pour Mike Oldfield, la dernière partie, moment fort, révèle ainsi une approche de la guitare classique d’une grande subtilité. The Orchestral Tubular Bells ne saura malheureusement pas trouver son public bien que ce dernier ait porté aux nues le modèle d’origine. Pas découragé pour autant, le concept (novateur à l’époque, moult fois repris depuis) enfantera dans la foulée une magnifique version orchestrale de Hergest Ridge, abandonnée illico dans les cartons… jusqu’à ce qu’Internet ne fasse la lumière sur cette archive exceptionnelle ! Ouf !


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le 26 sept. 2015

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