Lester Young With The Oscar Peterson Trio – (1952)
Dans l’histoire du jazz, de grands saxophonistes ont laissé une empreinte durable, les deux plus grands sont probablement John Coltrane et Charlie Parker, ils possèdent chacun une envergure exceptionnelle et ont modifié profondément le jazz dans sa pratique.
En cherchant encore un peu on citerait probablement Albert Ayler, Steve Lacy, Archie Shepp et bien sûr Ornette Coleman, mais il en est un auquel on ne pense pas forcément, bien qu’il ait également eu une grande influence sur la pratique de l’instrument et sur l’environnement Jazz, c’est Lester Young.
Cet album de mille neuf cent cinquante-deux fait partie de ses meilleurs et se montre assez bien représentatif de son art. Pour comprendre les bouleversements que Lester apporte à la musique de son époque, il est important de l’écouter, mais aussi de lire ses contemporains et ceux qui ont connu et vécu ces bouleversements.
Car Lester a été controversé en cette période, bien qu’il ait joué longtemps derrière un pupitre dans le big band de Count Basie, et qu’il fut adulé par une grande partie du public. Avec le regard d’aujourd’hui on le voit aisément comme le premier représentant de la musique « cool », premier leader et inventeur de ce style, avec des suiveurs de renom, comme Miles Davis et l’ensemble des musiciens blancs de la West Coast, comme Art Pepper, Chet Baker, Al Cohn, Lee Konitz ou Shorty Rogers.
Mais, pour être juste, il faut également inclure qu’il fait également partie des précurseurs du be-bop, plus particulièrement quand il jouait dans de plus petites formations, ce qu’il adorait, car il aimait la souplesse qui lui offrait le pouvoir d’innover.
Il remit en question la vieille notion de « swing » et préféra la notion de « détente » à celle d’explosion, il rechercha une nouvelle liberté dans ladouceur, la relaxation et une certaine fluidité. Il est à l’origine des musiques vaporeuses, ouatées ou flottantes. Des musiciens comme Jimmy Giuffre, Al Cohn ou Stan Getz et même Dexter Gordon lui sont donc redevables.
On trouve ici, sur cet album, des titres particulièrement représentatifs de son art, comme « Just You, Just Me », « I Can’t Get Started », « Tea For Two » ou « There Will Never Be Another You », « Stardust », « I'm Confessin' », « On The Sunny Side of The Street » pour n’en citer que quelques - uns …