The Soft Parade
6.8
The Soft Parade

Album de The Doors (1969)

Petite révolution dans le monde des Doors, qui emplissent leur quatrième album de cuivres bien loin du rock raffiné et poétique qui avait jusqu’alors leur préférence. Signe d’embourgeoisement ? Le mélange se révèle en réalité assez heureux et il n’est finalement pas très étonnant de constater à quel point la voix de Jim Morrison se marie admirablement avec les ensembles orchestraux. Les deux meilleurs morceaux sont ainsi peut-être ceux qui utilisent le plus ces cuivres emphatiques, « Touch Me » et « Wishful Sinful », aboutissant à un caractère mélodieux qui n’est pas sans rappeler, dans un autre registre, les envolées lyriques auxquelles le groupe avait habitué sur des chansons comme « The Crystal Ship » ou « Spanish Caravan ». Ce qui en vérité fait que cet album est moins réussi que les trois qui le précèdent, c’est plutôt le désinvestissement de son chanteur et le caractère décousu de l’œuvre en résultant. Ainsi, les Doors se répartissent pour la première fois les crédits des compositions, signe de la désolidarisation du groupe, et il faut reconnaître que c’est souvent Robby Krieger qui signe les meilleurs titres. Outre les deux morceaux déjà cités, on retiendra l’ouverture accrocheuse, « Tell All The People », ainsi que la surprenante pochade country « Runnin’ Blue », montrant bien que le guitariste est sans doute le moteur aventureux qui règne sur l’album. Morrison gratifie tout de même ce dernier de « Shaman’s Blues », une épopée sous forme de transe qui, si elle ne surprend pas de la part du groupe, reste réussie, et surtout de « The Soft Parade », la conclusion de l’album qui renoue, après la défection de « Celebration Of The Lizard » sur Waiting For The Sun, avec la tradition des longues pièces poétiques que le groupe affectionne et qui sont censées représenter l’acmé des œuvres qu’elles clôturent. Celle-ci est tout de même assez différente de ces aînées, qui cherchaient toutes à exercer une sorte d’hypnose sur l’auditeur, et se rapproche plus d’une joyeuse ballade psychédélique comme pouvait l’être « Sing This All Together (See What Happens) » sur Their Satanic Majesties Request des Rolling Stones – mais en moins radical. Débutant avec les incantations du prédicateur Morrison et une mélodie proche de celles du rock progressif, « The Soft Parade » se poursuit de façon assez rythmée, sans la brutalité apocalyptique de « The End » et « When The Music’s Over » mais avec au contraire un côté funky surprenant mais réjouissant. Une belle réussite qui, avec les quelques autres grandes chansons qui parsèment l’album et les titres sympathiques qui le complètent – le ventre de l’album, allant de « Do It » voire « Shaman’s Blues » à « Wild Child », ne propose en soi pas grand-chose de nouveau, mais il résonne dans sa globalité comme un long morceau rock très rythmé avec des accès parfois jubilatoires –, prouve que The Soft Parade n’est certainement pas une œuvre anecdotique des Doors.

Skipper-Mike
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le 5 oct. 2017

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