The Spitfire Grill (OST) par evolution999

Ayant remporté le prix du public au Festival de Sundance en 1996, The Spitfire Grill a ainsi bénéficié d'un joli tremplin pour être distribué. C'est New Line Cinema qui acheta les droits de distribution du film, mais sans que ce dernier soit un succès en salle. A l'origine, c'est un groupe chrétien qui finança la production afin de promouvoir une histoire de "chute et rédemption". Le film est désormais complètement oublié malgré ce prix prestigieux.

Dans la seconde moitié des années 90, James Horner est au sommet de sa gloire. Ce qui surpris plus d'un qu'il accepte de composer pour un film avec un aussi petit budget (remplaçant la partition d'un autre compositeur). Il tomba littéralement amoureux de cette histoire et accepta de réduire considérablement son cachet pour pouvoir composer la partition. A cette époque, sa musique était véritablement énorme avec de grands orchestres symphoniques (Legends of the Fall, Apollo 13, et j'en passe...), mais la seule chose d'énorme dans la partition de The Spitfire Grill, c'est son âme.

"An Uncertain Future" s'ouvre par un motif au piano qui instantanément rappelle "To Kill a Mockingbird" de Bernstein pour rapidement s'en aller dans une direction différente, pour une très belle envolée mélodique dont Horner est très friand au début des années 90. L'orchestre alors restreint offre de très jolies variations du thème principal. Un second style est introduit dans "Open for Business", un morceau aux influences folk joué par un petit ensemble incluant des instruments tels que violon, banjo, guitare et percussions, un son vraiment nouveau pour le compositeur.

"The Trees" est une belle évocation des forets de la Nouvelle Angleterre, un carillon allié à des solos de flute suggérant le vent et les nobles solos de cor suggérant quant à eux la puissance des arbres de la forêt. "A Gift from the Forest" voit ces sonorités se mélanger avec le thème principal, prodiguant à la partition le passage le plus romantique de l'album. Alors que les violons prennent leur envol à certains moments clé, la musique de Horner n'est que délicatesse, calme et volupté.

Le compositeur introduit le second thème majeur de la partition assez tard . Bien qu'on en ait un aperçu initialement dans le morceau folk "Open for Business", C'est dans "Reading the Letters" qu'on l'entend le mieux, dans une interprétation avec tout l'orchestre. C'est une mélodie illustrant très bien le cœur de l'Amérique. Ce thème apparait alors dans presque tous les titres suivant, ayant été absent pendant les deux tiers de l'album. A une exception près: le morceau plus sombre "A Desperate Decision", qui est un titre de construction de tension classique chez Horner mais qui garde de manière impressionnante le côté folk qui traverse tout le score.

L'album se conclue comme bon nombre d'autres albums de Horner avec un titre très long (dans la cas présent "Care of the Spitfire Grill" qui fait plus de 10 minutes) qui reprend la plupart des thématiques entendu plus tôt dans l'album en les regroupant de façon subtile. "The Spitfire Grill" est vraiment une partition splendide. Bizarrement, alors que Horner a souvent été critiqué au cours de sa carrière pour trop en faire dans l'émotion, et compte tenu que le film lui-même est reconnu pour manipuler des émotions (rappelez-vous qui a financer le film), la partition de Horner est admirable de retenue. Il utilise les cordes pour toucher l'auditeur, mais sans être manipulateur. C'est vraiment un joli travail. Une des partitions les plus sous-estimée du compositeur. L'essence des plus célèbres travaux de l'artiste n'est pas présente dans cette œuvre. Néanmoins il y a une très forte substance émotionnelle et dramatique qui s'en dégage, et tout cela est interprété de façon magnifiquement organique. Il s'agit vous l'aurez compris d'une partition à ne surtout pas louper.