The Wall
7.9
The Wall

Album de Pink Floyd (1979)

The Division Bell


C'est pas si souvent que j'ai l'occasion de trouver des gens de mon âge qui apprécient Pink Floyd à un niveau similaire au mien, enfin, à celui que j'ai pu avoir. Car si chaque album du groupe est une brique constituant mon environnement musical, on parle quand même des fondations. Depuis, comme l'ainé des cochons d'Animals, j'ai élevé ma construction à un niveau raisonnable, j'ai mis des fenêtres, une porte, un toit, une cheminée, assuré l'isolation et tout et tout...


Je me souviens lors d'une nuit étape à Grenoble j'ai croisé un mec qui a commencé à me parler Pink Floyd, je m'en souviens bien, y avait ce qui faut pour agrémenter l'apéro et on écoutait Big Brother & the Holding Company. Le soucis, c'est que le mec, il avait environ mon age, autour de 25 ans, et il ne jurait que par Roger Waters. Et même si à l'époque, je n'avais pas encore révisé mes classiques et que je n'avais pas dans mon tiroir la tirade de Nick Mason dans Pompeï, je défendais déjà l'idée que le groupe valait plus que la somme des talents des quatre membres. Au lieu de partager nos sensations positives, on a entamé un conflit, sympathiquement certes, mais je l'ai quand même un peu pris de haut car il me débitais des arguments que j'avais en tête quasiment 10 ans plus jeune.


Pour finir cette histoire, c'est le solo d'intro de Ball & Confusion qui est venu nous sortir de cette torpeur et on a kiffé sur la musique qui suit.


Obscured by Clouds


Pour en revenir à Pink Floyd, j'attribue à cette connaissance le syndrôme "The Wall". Ben ouais, souvent les gens de mon âge découvrent Pink Floyd à travers les principaux albums, les 4 derniers des 70's. Et quand on regarde les auteurs compositeurs sur ces albums, la place de Roger Waters est prédominante. De part son statut d'unique parolier à cette époque jusqu'à englober la composition. Chose que je vais mettre en perspective dans l’œuvre qui lui est attribuée à 95%, celle ci.


C'est simple, Dark Side of the Moon, qu'on l'adore ou pas, est la quintessence de ce que le groupe a pu produire en tant que tel avec un aboutissement du travail de chacun jusqu'ici. Si dans Wish you were here, Waters commence à mener la barque de bout en bout, il laisse la part belle aux autres. Quand je dis ça, il faut avoir en tête que David Gilmour est le musicien le plus actif en studio. S'il laisse le processus d'écriture au bassiste, c'est lui qui tisse l'ensemble de la toile avec sa six cordes. En d'autres termes, il choisit le carrelage la moquette, la cuisine SdB etc...


Ainsi, la dynamique des prochains albums se met en place et si je demande à n'importe qui qui connait bien Animals de fermer les yeux, de penser à ce disque et de dire ce qu'il entend en premier, il vous dira une guitare, une voie, une basse même, mais Mason et Wright sont quasiment relégué a colorer les partitions, à peindre les finitions et coller les plaintes.


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J'ai déjà parlé de mon cousin sur SC, comme quoi, c'est lui qui ramené le premier Pink Floyd dans la famille (WYWH) et je pense à lui en écrivant ces lignes car ma tante habite Brignolles dans le Var. C'est dans cette ville que se trouve le studio d'enregistrement Miraval où a été enregistré cet album. Et j'avais un peu de mal à le croire quand il me racontait qu'à l'époque, les mecs erraient en ville à la recherche d'un bout de shit et qu'il connaissait les mecs qui leur vendaient et que ceux ci se vantaient de leur refiler de la merde. C'est un peu bezef comme anecdote mais c'est la seule que j'ai.


Alors quand un des groupes qui a vendu le plus de disques ces dernières années présente un double album, entièrement composé par un seul membre, le zombi ingérable, c'est une bonne idée de confier la production à Bob Ezrin (Alice Cooper, Lou Reed), qui se croque des morts tous les matins au petit dej'. Celui ci a le nez creux en se penchant vers David Gilmour en studio tout en tapant dans le dos de Roger Waters en coulisse.


**Ummagumma **


D'une certaine manière, ce double album répond directement au précédent double. Plus précisément le disque en studio dans lequel chaque membre s'exprime intimement et s'il fallait décrire "The Wall" rapidement, on peut clairement rapprocher l’œuvre aux morceaux composés par les deux leaders. L'intro d'In The Flesh directement en lien avec le riff de la première partie de The Narrow Way, la multiplicités des chansons acoustiques à rapprocher de Grandchester Meadow, les arpèges divins à la deuxième partie de Narrow Way, la fin excentrique se rapprochant de Several Species Animals Grooving In A Cave With A Pict et les meilleurs solos de l'album réchauffant l'aridité glaciale de l'ensemble comme la troisième partie de The Narrow Way.


A cela, on rajoute le thème Another Brick décliné en trois parties, deux alternances d'humeur foudroyantes et un morceau jeté en pature au pianiste, on peut quand même estimer que l'ensemble est bien construit.


A Momentary Lapse of Reason


J'ai vu, y a quelques années, un documentaire relativement récent sur le groupe, sur Dark Side ... je crois et c'est marrant comment on décèle les tempéraments. L'interview de David Gilmour entièrement en studio de musique, assis sur un tabouret avec sa guitare et il ne parle que de musique, genre je l'ai enregistré en mi puis on a décidé de changer l'accordage pour que les deux morceux s'enchainent dans la même tonalité etc... etc... etc... puis finalement on est reenu la jouer en mi.


De l'autre coté Roger Waters sur fond noir avec un discours bien plus conceptuel autour du disque, de son rapport aux gens et pas mal de chose qui laissent transpercer ses problèmes de sociopathie. N'empêche que son débit était bien mieux rythmé, ses phrases mieux faites et, indéniablement, son intelligence nous sautait à la figure, une intelligence limite émotionnelle et touchante. Un mélange de maturité et de puérilité, en quelque sorte. La maturité, celle là même qui arrive à extérioriser autant de cheminement intérieur dans lequel j'ai pu retrouvé la plupart de ce qui me constitue. La puérilité, celle ci qui détruit tout à la fin de la même manière que Roger a détruit son mur et le groupe auquel il appartenait.


Je m'en fous, moi, ma chanson préférée, depuis longtemps, c'est la dernière


Mon avis sur le film


https://www.senscritique.com/film/Pink_Floyd_The_Wall/critique/168485977

Toshiba
9
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le 29 sept. 2021

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Toshiba

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