[...] Déjà, l'ensemble est homogène mais d'une variété à toute épreuve. Homogène dans son ambiance fleuve, burtonienne donc (délires fantasmagoriques sombres et cirquesques mais assez exubérantes pour en dégager quelque chose de fun et guilleret), mais toujours propice à offrir diverses nuances dans la distillation de celle-ci. Même si, pour ça, le combo ose exploser les frontières stylistiques pour un résultat dégageant un petit goût aussi curieux qu'intrigant sans qu'il ne paraisse pourtant hors de propos (« So Close », titre synthétique plutôt épuré qui aurait toute sa place dans les dancefloors des catacombes cyber/goth parisiennes ou encore l'instrumental « Swint ? Or Slude ? », sorte de fanfare entre Mr. Bungle et musique des Balkans qui se suivra quelques titres plus loin en version chantée et saturée sur « Gathering Fingers »). Sans y aller forcément par la manière forte, il sait aussi se montrer énigmatique à la première écoute au vu de la singularité de sa personnalité mais assez magnétique et fédérateur afin qu'on se prenne à fredonner, secouer la tignasse ou taper du pied d'entrée de jeu. C'est qu'usiter de structures formatées pop/rock ou de jouer la carte du groove bien senti (via une basse omniprésente qui atteint des sommets de bravoure sur « Awful Fall ») rend l'ensemble particulièrement tubesque et irrésistible. On ne se fait donc pas prier pour danser comme dans un bal musette/accordéon survitaminé (« Filistata »), se dandiner avec canne et haut-de-forme (« Tablescrap », « A Year Of Judges » et ces rigolos petits cliquetis typés caisse enregistreuse retro). Jusqu'à littéralement exploser lorsque le propos se fait violence en parallèle à sa narratrice qui pète littéralement sa durite en registre hurlé (« Spill! », voulant prouver dès l'ouverture des hostilités que le registre n'est pas si sirupeux qu'on pourrait le penser, la seconde partie de « A Year Of Judges » ou « Mind Your Eyes » sentant l'urgence des circle pits à plein nez). Ça sait également laisser un peu d'espace pour se reposer, respirer et surtout contempler à quel point cette ambiance sombre peut s'avérer fascinante dans sa mélancolie (« Swint ? Or Slude », la petite balade « Lifeless »). Et surtout, ça se clôture de belle manière, avec toujours autant de classe et théâtralité avec « The Button Has Been Pushed » où l'on sentirait presque réellement le courant d'air du tomber de rideau sur notre visage, tout en laissant un sentiment tenace de « To Be Continued ».


Une suite que l'on aura eu en 2012 avec Naught. Qui, même s'il ne fourvoie nullement son identité, se révèle extrêmement différent. Le bouton a été appuyé et si l'univers reste le même, on sent que celui-ci enclenchait le mode « cyclone des ténèbres » qui rend l'ambiance autrement plus viciée. A comprendre, le sombre est toujours là mais présenté dans une forme plus creepy tendance cauchemardesque. Ce qui se ressentait énormément sur les compositions, moins directes, moins fédératrices. Non moins bonnes pour autant, juste différentes et plus malsaines. Autant dire : en terme de carte d'entrée, vaut mieux prendre les choses dans l'ordre et commencer par ce There Be Squabbles Ahead, plus accrocheur et guilleret. Et ne soyez pas trop craintifs : l'essayer, c'est l'adopter, ni plus, ni moins !


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Margoth
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le 3 août 2012

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Margoth

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