Petit détail éclairant : Built to spill est signé pour l’Europe sur le label ATP recordings alors que chez lui aux Etats-Unis il l’est chez Warner. Ce qui est indé chez nous est « mainstream » aux USA et d’ailleurs There’s no enemy a été classé 50e des charts. La carrière du groupe de Boise dans l’Idaho s’est façonné petit à petit et ce 7e album, suite logique sur précédent You reverse en 2006 voit arriver Built To Spill au sommet de ses moyens et de son talent. Tout coule de source ici avec une musique qui ne se réclame pas d’une seule référence par trop marquée (Neil Young en tête de liste ou Pavement en plus pop) mais qui peut-être perçu l’aboutissement d’une vie passée sous le beau soleil de tout l’indé rock folk américain. Merveilleux pays où la musique de Built to Spill fait partie de la culture populaire et qui verra sans doute le speed Pat ou le Weezer-ien Tomorrow atterrir sur des BO de séries pour ados. Pour la plupart, les morceaux qui composent There’s no enemy sont longs comme si Built To Spill jouaient volontiers les prolongations pour un plaisir partagé (par eux, par nous). Done ou Things all apart s’épanchent avec brio avec des guitares qui s’étirent en longueur comme un fil tendu vers des contrées plus en altitude, des mélodies plus psyché tout en restant parfaitement maîtrisée. On est ravis car Built To Spill est bel et bien le genre de groupe que l’on n’a pas envie de quitter. Avec modestie, les Américains affleurent la perfection.