Ce nouveau disque, Ben Harper l'a partagé avec les Blind Boys of Alabama, vénérables et révérés gardiens d'un vieux temple aux poutres solides : le gospel. Que Ben Harper puisse s'immerger en toute candeur dans l'eau pure de chants évangéliques ne surprendra guère ceux qui connaissent sa nature un peu "enfant de chœur du rock". Que cette expérience non préméditée, presque involontaire, soit devenue l'un des tournants de sa carrière, voilà qui est plus surprenant. Or, de son propre aveu, There Will Be a Light aura été la source d'une nouvelle lumière, qui elle n'a rien d'artificielle. Le disque appartient à une catégorie trop rare : celle des albums gospel enregistrés par des interprètes rock. Les deux références obligées en la matière placent d'ailleurs Ben Harper en royale compagnie puisqu'il suit sur ce sentier béni nuls autres qu'Elvis Presley et Bob Dylan. En 1957, le premier, certainement étourdi par un succès trop énorme pour sa caboche de jeune gommeux du Sud, exécute sur un disque baptisé Peace in the Valley le répertoire qu'il entendait chaque dimanche de son enfance à la First Assembly of God Church à Memphis. Le second approche la quarantaine lorsqu'il se convertit aux New Born Christians et aligne à la suite deux superbes recueils de gospel-rock, Slow Train Coming et Saved (1979 et 1980). There Will Be a Light n'est pas sans lien avec le disque d'Elvis (une chanson porte d'ailleurs le même titre, Take My Hand). Pourtant, la filiation avec Dylan reste plus évidente. Comme son glorieux aîné, Ben Harper n'a pas eu à apostasier son passé électrique pour séduire les anges. Accompagné par ses Innocent Criminals, il fait entrer le tonnerre et les éclairs dans la nef (notamment sur Church on Time et Wicked Man). Et se soumet ainsi à la tradition des cultes afro-américains ? où l'extase est signe de bénédiction ? que portent dignement depuis soixante cinq ans les Blind Boys of Alabama, à l'initiative de cet album. (Inrocks)


Le problème avec Ben Harper, c’est que ça devient lassant. Passé un certain age, une certaine époque, on ne peut plus écouter Ben Harper dans sa chambre, les larmes aux yeux, émus par les « walk away » ou « waiting for an angel ». Après plein d’albums, et de concerts de 2h30, le petit Ben a réussi à devenir une superstar. Mais sa musique s’est dégradée. Autrefois, Ben Harper était seul avec ses guitares en bois et ses batteries en bois. Et le rendu a été, il faut l’avouer, assez réussi. Depuis, il a enchaîné les collaborations, les singles, les tournées, et on ne sait même plus ou il en est. Il revient cette fois avec un album enregistré avec The blind boys of Alabama : un grand groupe de gospel. Ensemble, ils jouent et chantent des classiques de gospels, des titres de Ben H et quelques reprises (Bob Dylan…). C’est tranquille, romantique, simplement joli, mais ça ne decolle pas, et on a vraiment l’impression d’écouter ce qu’on a déjà écouté des dizaines de fois. Ben Harper est un artiste, est ce qu’il est encore possible de l’aimer ? Je ne sais pas. (liability)
bisca
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le 28 mars 2022

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