Étape inevitable de l'intégration du provincial à Paris, je me suis fait piquer mon portable par un pickpocket particulièrement doué pour la comédie et la course à pied. Perdant ainsi toute une bibliothèque de disque soigneusement ordonnée. Plusieurs critères sont alors entrés en jeu : un cable de disque dur défectueux, un emploi du temps de ministre et le fait de ne pouvoir déballer de ses cartons, mon ami, mon frère, mon ordinateur. Par conséquent, je n'ai plus grand chose sur le téléphone de remplacement.

Un demi-voyage en métro suffisant à venir à bout du dernier Cloud Nothings, la sélection tourne vite en rond. Le réseau Free etant ce qu'il est je ne peux pas compter sur Digital Emotions pour égayer les longs trajets vers Bercy. Tant de raisons vouant les rares élus à être réécoutés ad nauseam. Créchant en banlieue sur le clic-clac d'un généreux donateur et avec l'impossibilité de me rassasier de Game of Thrones ou Damon Albarn comme mes semblables, j'ai entrepris de découvrir la ville à pied. Parfois accompagné mais souvent seul avec ces dix pauvres albums pour m'accompagner.

Et parmi ces disques, il y en a qui tourne plus que les autres sur ma platine virtuelle, il s'agit du premier album d'Icona Pop sobrement intitulé This is... Icona Pop. Oui oui, je veux bien entendu parler du duo de gamines suédoises qui parlent de foutre leur voiture en l'air comme Lorie chantait sur la fin de semaine (I Love It avec Charly XCX à la prod et que tu as du entendre dans la dernière saison de Girls). Un sujet lourd également abordé par les deux jeunes femmes dans la bien nommée Ready For The Weekend.

Des chansons de filles de riches dont l'apparente banalité pourrait presque vous convaincre de leur non-universalité. Mais voilà sur les onze morceaux que compte l'album, il y en a au moins les deux tiers qui sont des tubes en puissance. Sur de la musique électronique à basses saturées efficace mais terriblement générique c'est évidemment l'énergie et la fougue de Caroline et Aino. Des refrains qui font nah nah nah, des intros qui tabassent, un flow assuré mais surtout cet effet doublé sur la voix qui brouille les pistes. On ne sait jamais qui chante et on a souvent l'impression de les avoir en permanence en train de hurler de joie à l'unisson.

Et bien vous savez, moi, dans une période où tout va à 100 à l'heure, c'est exactement ce dont j'avais besoin. Ma vie se déroule en ce moment que je me retrouve parfaitement dans On a Roll (tuerie) qui aborde le délicat moment où l'on laisse son verre pour aller aux toilettes ("You go and pee/Your drink is so safe with me" c'est ça le true power de l'amitié), comment rester parfaite au moment du réveil ou le leitmotiv de toute une génération ("Everything that's free taste better"). Il y a bien deux-trois saletés mielleuses (Just Another Night) qui semblent toutes droit sorties de la face B d'un album de Katy Perry mais dans la plupart des cas, on est dans le territoire glorieux des meilleurs singles de Robyn, de Britney circa 2004 et du premier clip de t.A.T.u. Le disque est d'une homogénéité rarement croisé dans un album de pop (N'est-ce pas Rihanna ?).

Même sous la pluie constante de la capitale, même à côté du clodo qui pue dans le métro, même refoulé pour la sixième fois de la semaine d'une colocation sexiste, j'ai assez confiance en ma virilité débordante pour déambuler au son de l'ultra-tube Girlfriend avec ou sans BFF. Icona Pop c'est la bande son idéale des gens qui se la pètent.
MrShuffle
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le 22 mai 2014

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