Ouf, ce qu’on a pu respirer en entendant cet album de Neil en 1988. Il faut dire que depuis quelques années, chef Geffen, il avait perdu de sa superbe, s’embarquant dans des projets incompris (« Trans ») ou foireux (« Everybody’s rockin’ », « Landing on water »…). Bref, de l’un des plus grands auteurs-compositeurs de la 2e moitié du XXe siècle, on pouvait s’attendre à autre chose et lui-même s’en rendait parfaitement compte mais David Geffen l’avait traîné en justice en 1983 et ce dernier avait été débouté, devant même des excuses à Neil. La rupture entre eux était alors consommée et il n’y avait plus qu’à aller au bout de ce satané contrat. Il revient donc chez Reprise Records, presque à la maison et sort ce « This note’s for you » en 1988 et c’est le début d’une renaissance, d’un retour en grâce, avant « Freedom » l’année suivante. Le plus surprenant c’est que le Loner ne nous offre pas ici un album rock ni électrique, ni acoustique, mais accompagné de ses Bluenotes, un album jazz swing-rhythm’n’blues, qui va fonctionner parfaitement. Il a avoué que Sinatra aurait pu chanter certaines des chansons de cet album et c’est vrai !

Dans le morceau titre, il s’en prend à la marchandisation du rock et des tournées en particulier, citant plusieurs grandes marques (Pepsi, Coke, Bud, Miller), ce qui avait fait grincer des dents à l’époque avec le clip réalisé par Julian Temple, critiquant les pubs des années 80 et les chanteurs qui se faisaient sponsoriser par des grandes marques : « Je ne chante pas pour Pepsi, je ne chante pas pour Coca, je ne chante pour personne, ça me fait passer pour une blague ». Neil a depuis largement remis en cause cette chanson, ne comprenant pas pourquoi elle lui avait permis de revenir sur le devant de la scène et elle a un peu fini aux oubliettes. Il a reconnu dans des interviews que sa position contre le sponsoring était idéaliste, ce que de nombreux artistes lui avaient reproché, « parce que quand on y pense, je dois jouer la série de concerts Budweiser parce qu'ils concluent un accord avec le promoteur ». Et c’est vrai que pour moi, le reste de l’album est peut-être même meilleur, avec des nappes de cuivres brillants qui claquent (« Ten Men workin’ »), saxo et ambiance nocturne, sa guitare caresse la fragile perfection d’un Van Morrison sur un titre comme « Twilight », absolument magnifique, une de mes préférées. Même atmosphère pour l’excellent « Coupe de Ville ». Neil quittait les terres du country rock dans lesquelles on le connaissait pour aborder des rivages jazzy qui lui allaient finalement bien. Young n'est pas resté longtemps sur ce coup de pied « power swing » avec une section de cuivres, le temps de la tournée 88 avant de revenir à du plus classique mais très efficace avec « Freedom » en 1989 et son tube inaltérable « Rockin’ in a free world ». La sortie du purgatoire en quelque sorte.

JOE-ROBERTS
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le 16 août 2025

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