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De l’Irlande, en musique, nous reviennent en mémoire des souvenirs et des images éparses et contrastées : les Chieftains ou les Dubliners pour le côté trad, le pénible rock de stade de la bande à Bono, le sourire édenté de Shane McGowan ou encore les bilans ORL inquiétants laissés par l’écoute prolongée des labyrinthes électriques de Kevin Shields. Mais ce sont aussi des voix, féminines : celle de la regrettée Dolores O’Riordan, celle d’Enya et de l’inavouable plaisir coupable que constitue sa pop mystique et surannée ou encore celle, plus troublante et tourmentée encore, de Sinead O’Connor. C’est d’ailleurs une autre Sinead qui vient aujourd’hui inscrire, par son chant, sa poésie et son énergie, son nom à la suite de cette liste non exhaustive.

Après deux EPs et une poignée de morceaux publiés sur la toile depuis 2018, ce premier album produit par Dan Carey (Black Midi, Fontaines DC, Squid, Kae Tempest, Wet Leg) donne le ton d’une musique sans concession, où les mots et la voix agissent comme de puissants remparts contre le relativisme ambiant. Avec son titre d’ouverture synthétique et urbain, Time Bend and Break The Bower se poste d’emblée comme un disque inscrit dans la modernité, loin des relents nostalgiques que l’on pourrait attendre de ce type de projet alliant post-punk et poésie incandescente. Car ici, ce qui compte avant tout, c’est la voix, le texte, et peut-être plus encore la liberté de ton et la virulence qui peut en découler. Derrière la clarté et la droiture de sa ligne directrice se cache en réalité un monde au large pouvoir évocateur, aux textes telluriques, formé de paysages mentaux ou physiques comme autant d’images tendant vers la parabole.

Alors que, du côté des instruments, la formation est avant tout pensée en power trio (voix-guitare-batterie, avec ses comparses Julian Hanson et Oscar Robertson), le disque recèle pourtant de nombreuses couches sonores supplémentaires, à l’image des nappes synthétiques et oniriques de Salt que n’auraient pas renié ses voisins écossais de Boards Of Canada. Construite toute en contours et en détours, la musique de Sinead O’Brien développe des riffs et gimmicks souvent nerveux et obsédants comme pour cartographier un territoire musical qui se veut familier, tout en prenant bien soin de faire bouger les lignes, peu à peu, thématiquement et esthétiquement. [...]

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Kamille_Tardieu
8
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le 4 nov. 2023

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Le  K

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