Les fondations du black metal, une gifle.

Après le coup de poing dans la tronche du 1er EP, « Morbid Tales » (1984), puis un 2e « Emperor’s return », il est temps pour Celtic Frost de nous offrir son 1er album en 1985. Et son influence sur les musiques extrêmes va être énorme ! On remarque d’abord la pochette signée par l’illustrateur H.R. Giger (celui à qui l’on doit, entre autres, la créature d’Alien !), bien sombre et malfaisante pour se plonger directement dans l’ambiance. Et puis on écoute ce « To Mega Therion » (la « Grande Bête » en grec) et le choc est puissant. L’album est enregistré en quelques jours et la formation helvétique déploie toujours un black metal lourd et angoissant mais il s’ouvre aussi des horizons plus vastes qu’on sent dans l’intro et ses côtés symphoniques. Le premier titre, « The Usurper », est toutefois dans la lignée des deux EP précédents. Un Metal sombre dans ses riffs, agressif par le chant de Tom Gabriel Warrior et au tempo enlevé avec une rythmique proche des premiers Venom. On a aussi un chant féminin qui apparaît dès ce premier titre et que l'on retrouvera plus loin sur « Necromantical Screams », assuré sur les deux morceaux par Claudia-Maria Mokri. Celtic Frost avait déjà tenté l’ajout de voix féminines (on ne pouvait pas vraiment parler de "chant") sur « Morbid Tales » (le titre « Return To The Eve ») mais va utiliser le chant féminin de manière plus importante à partir de cet album.

«Dawn Of Meggido » nous dirige dans du doom metal, dans une ambiance on ne peut plus sombre et terrifiante. Ils finissent en fanfare avec «Necromantical Screams » comme le précédent s’achevait sur un terrifiant « Danse Macabre ». Sans conteste, un groupe qui savait débuter et achever ses albums de façon brillante ! Quand on aime les musiques extrêmes, on est habitué depuis 40 ans à ce son très lourd, très puissant, des rythmiques claquantes, une musique violente et angoissante dans laquelle la mort, la souffrance et la solitude sont des thèmes omniprésents. Vous l’avez compris, pas question de rigoler avec eux ! Rappelons juste que Celtic Frost a été un des 1ers (le 1er peut-être) à poser les bases du black/doom/death/gothique metal dont vont hériter de (très) nombreux groupes jusqu’à aujourd’hui, en faisant la synthèse de leurs nombreuses influences. Des gars comme Obituary ou Paradise Lost, pour ne prendre que deux exemples, s’en sont directement inspirés. Et on pourrait s’amuser à faire une liste trèèèès longue ! Les racines du black metal sont là, en cela, cet album est essentiel.