Le moins que l'on puisse dire, c'est que le parcours musical de Joan Wasser (alias Joan as a Police Woman) est des plus atypiques qui soient.
Cette violoniste de talent fût promise à une belle carrière à ses débuts au sein du Boston University Symphonic Orchestra. La rencontre et la relation amoureuse qui s'ensuivit avec Jeff Buckley en décidèrent autrement.
Elle collabore d'abord au mythique "Grace", puis rapidement accompagne des pointures comme Lou Reed ou Nick Cave.
La disparition brutale de son boy-friend la laisse exsangue et ravagée de douleur. Elle décide alors de se mettre au piano et à la guitare et compose, essayant sans doute inconsciemment de prolonger l'oeuvre de Jeff ou du moins de rester en communion avec lui.
Sa musique porte subtilement son empreinte et "To Survive", son second album, est de mon avis aussi fort que "Grace" (oui j'ose, quitte à me faire excommunier de l'assemblée pop/rock pour blasphème et hérésie!).

La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste disait Victor Hugo. Cet album en porte une marque profonde. Non pas d'une mélancolie qui s'apitoie sur elle-même, mais de celle éclairée de l'intérieur par une lumière secrète faite d'espoir et d'abandon confiant.
“Je suis convaincue qu’en créant de la beauté en soi et autour de soi, on se donne la chance de vivre dans un monde meilleur, dit-elle. Un tel discours n’est pas vraiment tendance, mais je me fiche de coller avec les modes.”

C'est un disque monochrome, dont les pleines tonalités se révèlent lentement au fil des écoutes. Des mélodies tissées au fil du temps, faites de dentelles fines, de soie précieuse, de broderies filées d'or et d'argent travaillées de crochets sauvages, laissant çà et là quelques gouttes de sang.
L'artiste est simple, modeste et virtuose. Ses doigts sont précis et le geste millénaire.

Elle nous invite à supprimer tout bruit parasite le temps d'une écoute. Le temps de laisser s'épancher en nous ses rêves sonores. Le temps aussi d'apprécier des textes sublimes d'une profondeur poétique rare.
DanielO
10
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le 29 juin 2013

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DanielO

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