Voilà longtemps que les fans attendaient ce 2e coffret. Bon, il est très beau mais il est à réserver aux fans complétistes du Boss, pas aux néophytes et il est en plus très onéreux (dommage qu’on soit loin de Noël !!!). Il est assez différent du 1er volume qui regroupait sur 4 CD des titres s’étalant de 1972 à 1998. Ici, les titres sont regroupés dans ce qui est présenté comme 7 albums inédits accompagnés d’un très beau livre dans lequel sont glissés des goodies. La plupart des morceaux sont des inédits mais pas tous et on le sait, Bruce a beaucoup enregistré, mettant de côté des morceaux de grande qualité voire des albums entiers sans qu’on ne connaisse forcément la raison (peut-être ne sonnaient-ils pas forcément comme il l’entendait à ce moment-là ?...). Il existe donc une discographie parallèle du Boss assez passionnante et qui donne une autre image de cet artiste, au-moins complémentaire, parfois surprenante. On a donc ici 83 titres que Bruce a visiblement sélectionnés durant le confinement. Tout petit passage en revue, histoire de donner quelques indications. D’abord le « LA garage sessions 83 » bien connu des fans puisque ces versions sont disponibles depuis longtemps dans la collection non officielle The Lost Masters, avec un Bruce d’après « Nebraska » accompagné d’une boîte à rythmes, un work in progress intéressant, parfois rentre-dedans (« The Klansman »). 2e CD, « Streets of Philadelphia sessions » en 1994, album abandonné sur les conseils de Jon Landau pour « The Ghost of Tom Joad » : la mélodie de « Somewhere in the well » sera d’ailleurs recyclée pour « The Ghost of Tom Joad ».
Chez Bruce, rien n’est jamais complétement perdu ! « Somewhere North of Nashville » date de 1995 et sonne très country avec pedal steel mais aussi pas mal de morceaux tirés des sessions BITUSA (« Janey don’t you lose heart »…). « Faithless » en 2005 est la BO d’un western jamais tourné et Bruce se rapproche même de Tom Waits dans « All God’s children ». « Twilight Hours » (2010) est peut-être un de mes préférés dans ce coffret grâce à des chansons comme « Sunliner », « Lonely Town », de vrais trésors. « Inyo » regroupe des morceaux de 1988 à 2014, à l’ambiance mexicaine, réenregistrés sans doute en 2014 avec musiciens traditionnels mexicains (cuivres et cordes). Très surprenant mais aussi un des plus intéressants. Le dernier CD est sans doute pour le néophyte le plus abordable car sonnant bien plus « classique » donc moins surprenant : Bruce versant rock qui envoie bien avec des chansons enregistrées sur une trentaine d’années, « Another thin line », « Perfect World ». Pas facile à appréhender vu sa diversité, ce coffret permet de comprendre un peu mieux la manière de travailler et créer de Bruce. Lui-même a reconnu qu’il passait certains de ces albums « perdus » à ses amis invités chez lui depuis des années. Tout n’y est pas génial, loin de là, mais on a différentes facettes d’un artiste hors-norme qu’on a souvent caricaturé par facilité (« le rockeur à grosses guitares »…). Il y a ici quelques merveilles à aller piocher aussi en fonction de ses goûts. On se dit quand même qu’il aurait été dommage que ces morceaux dorment dans des coffres pour ne sortir que quand il ne sera plus là. Là, au-moins, il a tout supervisé comme il l’entendait. Et comme Bruce n’est pas le genre à s’arrêter en si bon chemin, il a reconnu qu’un 3e coffret Tracks était d’ores et déjà en réflexion pour une sortie dans quelques années ! Il a par contre prévenu : après ce 3e volume, ses archives studio seront quasi vides.