Franchement déçu. Ma sensibilité laissée vierge. Du gâchis. Le manque d’une notion indéfinissable qui pourrait faire de cet album un chef d’œuvre. Un penchant bien trop fragile pour le commercial. Je m’explique.
Il y a de ça quelques mois, j’étais littéralement tombé sur le titre « Under Pressure ». Deux boucles agressives tirées du légendaires Eazy E, la percussion s’impose pour deux autres mesures, et là, la machine est lancée : Logic excelle, il nous impressionne, entre un flow mitrailleur et surtout une instru façonnée et enjolivée à la pointe de la qualité, aiguisée par les différents effets utilisée. La stratégie est simple, l’efficacité indéniable. Et le ravissement n’est pas fini : à 3:20, l’instrumentale prend un tout autre chemin que la lourdeur des premières minutes avait suggéré à nos tympans : la guitare brésilienne prend le relais sur le sample avide, et l’on se retrouve transporté au milieu d’un flux d’une nostalgie enivrante et d’une sorte de béatitude teintée d’une tristesse légère, le tout ayant un arrière-goût de bossa nova traditionnelle. Obligé de reconnaître l’émerveillement que fait naître ce titre en moi, j’achète l’album. Et là, c’est la chute.
Alors très honnêtement, la première moitié de l’album, que je fixe jusqu'au sixième track, j’approuve. L’intro… le choc est rude, mais je me dis pourquoi pas. « Soul Food », les nappes tirant vers le Japon ancestral alliées aux guitares délicates, les changements incessants d’ambiance, j’aime. « I’m gone », les voix douces, la suavité du morceau, j’aime. « Gang related », le sample de Sepalcure remanié à merveille, je dirais même que j’aime beaucoup. « Buried alive », ça me rappelle un peu les Black Eyed Peas (période sombre ayant laissé des séquelles) mais ça va, c’est smooth, ça passe plutôt bien, j’aime. « Bounce », mon avis s’arrête au refrain : j’aime, j’aime beaucoup. Et là, « Growing pains ». Musicalement parlant, on sombre, on comprend pas. RIEN ne se dégage de ce morceau, et autant les lyrics sont une bonne réussite, autant la prod est fade, insipide. On enchaîne ensuite avec « Never enough » et « Metropolis », les deux morceaux qui tirent sans pitié l’album vers le bas ; avec un peu de bonne foi, individuellement, les deux morceaux sont audibles et on arrive même à taper du pied ou à secouer la tête sur « Never enough », mais étant donné que les mélodies sont pratiquement les mêmes, quelle erreur de les avoir placées côte à côte dans la trackliste ! Honte, bêtise ! On continue avec « Nikki », un morceau grossier, mal taillé, que je reclasse dans la catégorie des chefs d’œuvres potentiels complètement ratés. Ensuite, malgré la nullité absolue de « Till the end », on passe tout de même par la perle « Under pressure » et par « Driving Ms Daisy », qui me parle vraiment par ses nappes lisses et entraînantes et me rappelle beaucoup le génial « Oakland » du grand monsieur qu’est Childish Gambino, qui l’accompagne d’ailleurs sur le beat. « Now » saccage l’infime particule d’espoir et le baume qui s’étaient infiltrés dans notre cœur après « Driving Ms Daisy ». Et enfin, on termine sur une fin tout à fait grotesque, bâclée jusqu’à l’ultime, j’ai nommé « All right », la déchéance, l’extermination du talent.
Alors voilà ma prédiction pour la discographie future de Bobby : l’équilibre entre l’excellent et le médiocre est fragile en ce jeune rappeur, et croyez-le ou non, soit la suite sera dégradante pour la musique, soit on se rapprochera avec bonheur d’un Kendrick ou d’un Nas. L’un ou l’autre, pas les deux en même temps.
I’m done.
Critique à retrouver sur https://highcloudblog.wordpress.com/
